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quand ils enseignent le parricide ; se moquer d’eux quand ils sont d’aussi mauvais critiques que frère Berthier. Mais je ne crois pas qu’il faille livrer notre jeunesse aux jansénistes, attendu que cette secte n’aime que le Traité de la Grâce, de saint Prosper, et se soucie peu de Sophocle, d’Euripide, et de Térence, quoique, par une de ces contradictions si ordinaires aux hommes, Térence ait été traduit par les jansénistes de Port-Royal. Faites aimer l’art de ces grands hommes (je ne parle pas des jansénistes, je parle des Sophocle). Malheur aux barbares jaloux à qui Dieu a refusé un cœur et des oreilles ! malheur aux autres barbares qui disent : On ne doit enseigner la vertu qu’en monologue ; le dialogue est pernicieux ! Eh ! mes amis, si l’on peut parler de morale tout seul, pourquoi pas deux ou trois ? Pour moi, j’ai envie de faire afficher : « On vous donnera un Sermon en dialogue, composé par le R. P. Goldoni. »

N’êtes-vous pas indigné, comme moi, de voir des gens qui se disent gravement : Passons notre vie à gagner de l’argent ; cabalons, enivrons-nous quelquefois ; mais gardons-nous d’aller entendre Polyeucte, etc.