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fait l’honneur de la France dans le seul art peut-être qui met la France au-dessus des autres nations. De plus, je suis si indigné de voir des hypocrites et des énergumènes qui se déclarent contre nos spectacles que je veux les accabler d’un grand nom.

Je n’ai point encore la Reine de Golconde ; mais j’ai vu de très-jolis vers de M. l’abbé de Boufflers : il faut en faire un abbé de Chaulieu, avec cinquante mille livres de rentes en bénéfices ; cela vaut cinquante mille fois mieux que de s’ennuyer en province avec une croix d’or.

Avez-vous lu la Conversation de l’abbé Grizelet d’un intendant des Menus[1] ? Si vous ne la connaissez pas, je vous céderai l’exemplaire qu’on m’a envoyé.

Recevez les tendres respects du Suisse V.


4753. — À M.  DE COURTEILLES[2],
conseiller d’état.
À Ferney, 18 novembre.

Monsieur, si M. le président de Brosses est roi de France, ou au moins de la Bourgogne cisjurane, je suis prêt à lui prêter serment de fidélité. Il n’a voulu recevoir ni d’un huissier ni de personne l’arrêt du conseil à lui envoyé, par lequel il devait présenter au conseil du roi les raisons qu’il prétend avoir pour s’emparer de la justice de la Perrière, qui appartient à Sa Majesté[3].

  1. Voyez tome XXIV, page 239.
  2. Barberie de Courteilles, gendre du président Fyot de La Marche.
  3. Une lettre du président de Brosses à Voltaire, tardivement retrouvée, rétablit dans son vrai jour sa manière d’agir au sujet de cette interminable contestation de la Perrière. Voici cette nouvelle lettre, qui est de mai 1760.

    « On m’a envoyé de Paris, monsieur, des extraits de pièces et mémoires que vous avez envoyés au conseil pour établir que l’endroit de la Perrière où s’est commis le délit de Panchaud est de la justice et juridiction de Genève, non de celle de Tournay, et que la république ayant cédé ce droit au roi, par le traité du mois d’août 1749, ce n’est ni au seigneur de Tournay, ni à monseigneur le comte de La Marche, seigneur engagiste de Gex, à faire les frais de la procédure, mais au roi lui-même.

    « Je souhaite fort que cet article de frais, dont l’honneur n’est nullement désirable, puisse regarder Sa Majesté. J’ai fait ce que j’ai pu pour faire entrer dans cette idée monsieur le procureur général, qui, de son côté, avait bonne envie d’y être ; et j’ai eu l’honneur de vous envoyer la note de ce que j’avais d’enseignements là-dessus, qui n’étaient pas trop favorables. Je désire de tout mon cœur que vous en ayez trouvé qui le soient davantage.

    « Pour moi, je n’ai jamais rien ouï dire de pareil. Je n’ai pas su que la repu-