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4745. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[1].
À Ferney, 12 novembre 1761.

Je ne vous demande du vin, monsieur, qu’en cas que vous en ayez de semblable à celui que vous m’avez envoyé les premières années. À mon âge, le bon vin vaut mieux que M. Tronchin. Il y a près de deux ans que je bois du vinaigre, et le président de Brosses n’y met pas de sucre. Je suis devenu délicat, mais pauvre. Je me recommande, monsieur, à votre goût et à votre compassion.

Je vous demande en grâce de vouloir bien me procurer deux mille barbues (c’est le mot, je crois) de ceps bourguignons. Le tout m’arriverait par les mêmes voitures.

Tout ce que je reçois de Bourgogne me fait grand plaisir, excepté les exploits du président de Brosses[2]. Il veut vendre cher ses fagots. Tâchez, monsieur, de me vendre bon marché votre vin, dont je fais plus de cas que de cette grande forêt de quarante arpents de la magnifique terre du président. Je sais qu’il y a vin et vin, comme il y a fagots et fagots. C’est du bon que je demande. Il serait doux d’avoir l’honneur de le boire avec vous, et que ce terrible président n’y mît point d’absinthe, il fait d’étranges hypothèses. Il suppose des ventes, et il argumente a falso supponente.

Vous ne m’avez pas répondu, monsieur, sur l’arbitrage que je proposais. Aussi je n’en demande plus, et je le tiens condamné dans le cœur de tous ses confrères : quod erat demonstrandum.

J’ai l’honneur d’être, etc.


Voltaire.

4746. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[3].
12 Novembre 1761.

Ô divins anges ! voici la réponse de notre comité à votre comité. Mais ne nous égorgeons point. Je vous supplie de vouloir bien m’obtenir une réponse sur mon Talleyrand d’Excideuil.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Voltaire avait reçu de Baudy, et nom du président, un seul exploit, comme on l’a vu plus haut. Mais il voulait qu’on le crût bombardé de procédures. (Note du premier éditeur.)
  3. Nissard, Mémoires et Correspondances politiques et littéraires ; Paris, 1858, page 157.