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endroits corrigés et aux nouveaux ; l’Académie juge en dernier ressort ; alors je me conforme à sa décision, je polis le style ; je jette quelques poignées de fleurs sur nos commentaires, comme le voulait le cardinal de Richelieu.

L’Académie dira peut-être : Vous abusez de notre patience. Non, messieurs, j’en use pour rendre service à la nation : vous fixez la langue française ; les commentaires deviendront, grâce à vos bontés, une grammaire et une poétique au bas des pages de Corneille. On attend l’ouvrage à Pétersbourg, à Moscou, à Yassy, à Kaminieck. L’impératrice de toutes les Russies a souscrit pour 8,000 livres, et les a fait compter à Gabriel Cramer, qui a déjà payé les graveurs.

Si l’Académie se lassait de revoir mon Commentaire, je serais très-embarrassé. Je ne dois pas m’en croire. Je peux avoir mille préventions ; il faut qu’on me guide. Un mot en marge me suffit, cela me met dans le bon chemin. Marce Tulli, ménagez-moi les bontés et la patience de l’Académie. Interim, vive et vale. Votre, etc.

N. B. Ajoutez, je vous supplie, à l’endroit où je parle de nos académiciens, M. le duc de Villars, monsieur l’archevêque de Lyon[1], monsieur l’ancien évêque de Limoges[2]. Cela ne coûtera que la peine d’insérer une ligne dans la copie pour le Mercure.


4731. — À M.  JEAN SCHOUVALOW.
À Ferney, 1er novembre.

Monsieur, je reçois, par Vienne, votre paquet du 17 de septembre, que M. de Czernichef me fait parvenir. Vos bontés redoublent toujours mon zèle, et j’en attends la continuation. Le mémoire sur le czarovitz n’est pas rempli, comme le sait Votre Excellence, d’anecdotes qui jettent un grand jour sur cette triste et mémorable aventure. Vous savez, monsieur, que l’histoire parle à toutes les nations, et qu’il y a plus d’un peuple considérable qui n’approuve pas l’extrême sévérité dont on usa envers ce prince. Plusieurs auteurs anglais très-estimés se sont élevés hautement contre le jugement qui le condamna à la mort. On ne trouve point ce qu’on appelle un corps de délit dans le procès criminel : on n’y voit qu’un jeune prince qui voyage dans un pays où son père ne veut pas qu’il aille, qui revient au premier ordre

  1. Montazet.
  2. Coëtlosquet.