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à M. de Varennes[1] mes réponses à l’assignation du Fétiche. Corneille me reproche de le quitter pour des fagots. Son ombre en murmure. Il est cruel de passer de Cinna et de Rodogune à une assignation ; mais que faire ? Le misérable m’accable d’exploits[2] : il faut répondre.

Je vous supplie de lire dans le mémoire envoyé à M. de Blancey un petit trait oublié dans le vôtre. Le Fétiche demande de l’argent de ses moules et de ses fagots. Il dit dans son exploit que Baudy lui rend 12 livres du moule. Baudy dans son exploit me demande 12 livres du moule.

Il est évident que si le Fétiche avait vendu réellement à Baudy des bois à 12 livres le moule, ledit Baudy, marchand, les vendrait davantage. Il est clair qu’il compte avec le Fétiche de clerc à maître, et que le Fétiche lui donne quelque chose pour ses peines.

Il est démontré, comme je le dis, que le président a fait une vente simulée, qu’il m’a trompé grossièrement dans le temps qu’il me vendait sa terre. Et si je vous disais que je soupçonnai cette bassesse il y a trois ans, et que je déclarai que je ne laisserais point sortir les bois, à moins qu’on ne me montrât un acte réel de vente, et que le président m’en fit présenter un faux par Baudy : que diriez-vous, vous, homme vertueux ? Songez qu’il faisait cette infamie dans le temps qu’il recevait de moi 47,000 livres ! Vous ne direz plus qu’il est bon homme quand il a de l’argent.

Qu’il tremble ! Il ne s’agit pas de le rendre ridicule : il s’agit de le déshonorer.

Cela m’afflige. Mais il payera cher la bassesse d’un procédé si coupable et si lâche.

Je vous embrasse. Vous me consolez.


4701. — À M. LE CARDINAL DE BERNIS.
À Ferney le 7 octobre.

Monseigneur, béni soit Dieu de ce qu’il vous fait aimer toujours les lettres ! Avec ce goût-là, un estomac qui digère, deux cent mille livres de rente, et un chapeau rouge, on est au-dessus de tous les souverains. Mettez la main sur la conscience : quoique

  1. Tous deux secrétaires des états de Bourgogne.
  2. Lisez d’un exploit : il n’en eut pas deux dans cette affaire. (Note du premier éditeur.)