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Cid, les Horaces, Pompée, Polyeucte, Cinna, etc. Ainsi mon Commentaire pourra être à la fois un art poétique et une grammaire.

Il n’est question que du théâtre. Je laisse là l’Imitation de Jèsus-Christ[1] et je m’en tiens à l’imitation de Sophocle. Vous me ferez pourtant plaisir de m’envoyer la description du presbytère d’Énouville. Je ne crois pas que je chante jamais les presbytères de mes curés ; je leur conseille de s’adresser à leurs grenouilles ; mais je pourrais bien chanter une jolie église que je viens de bâtir, et un théâtre que j’achève. Je vous prie, mon cher ami, si vous m’envoyez ce presbytère, de me l’adresser à Versailles, chez M. de Chenevières, premier commis de la guerre, qui me le fera tenir avec sûreté.

On va reprendre encore Oreste à la Comédie française. Il est vrai que j’ai bien fortifié cette pièce, et qu’elle en avait besoin. Mais enfin j’aime à voir la nation redemander une tragédie grecque, sans amour, dans laquelle il n’y a point de partie carrée ni de roman.

Adieu ; je vous embrasse. Pourriez-vous me dire quel est un monsieur P. T. N. G.[2], à qui Corneille dédie sa Médée ?


4690. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
25 septembre.

Monsieur, j’ai reçu, par M.  de Soltikof, les manuscrits que Votre Excellence a bien voulu m’envoyer ; et les sieurs Cramer, libraires de Genève, qui vont imprimer les Œuvres et les Commentaires de Pierre Corneille, ont reçu la souscription dont Sa Majesté impériale daigne honorer cette entreprise. Ainsi chacun a reçu ce qui est à son usage : moi, des instructions ; et les libraires, des secours.

Je vous remercie, monsieur, des uns et des autres, et je reconnais votre cœur bienfaisant et votre esprit éclairé dans ces deux genres de bienfaits.

J’ai déjà eu l’honneur de vous écrire par la voie de Strasbourg, et j’adresse cette lettre par M.  de Soltikof, qui ne manquera pas de vous la faire rendre. Ce sera, monsieur, une chose éternellement honorable pour la mémoire de Pierre Corneille et pour son héritière que votre auguste impératrice ait protégé cette édition autant que le roi de France. Cette magnificence, égale des deux

  1. Mise en vers français par P. Corneille.
  2. Personne encore n’a pu le découvrir.