J’ai reçu de mes frères les Recherches sur les Théâtres de ce Beauchamps[1], et il n’y a pas grand profit à faire. C’est le sort de la plupart des livres. Il faudra tâcher que les Commentaires de Corneille ne méritent pas qu’on en dise autant. C’est une terrible entreprise que ce Commentaire ; j’y perds mon temps et les yeux.
Comment se porte frère Thieriot ? Il est bien heureux de ne rien commenter ; s’il lui fallait faire des notes sur Agésilas et Attila, il serait aussi embarrassé que moi.
Voici une petite lettre pour frère d’Alembert[2] ; dirons-nous aussi frère Dumolard ? Ce sera comme vous voudrez.
Je me hâte, monsieur, de vous remercier au nom de Mlle Corneille et au mien : j’espère que nous commencerons incessamment l’édition projetée, dès que l’Académie m’aura envoyé les notes qu’elle a entre les mains sur les principales pièces. Je ne propose que des doutes, et c’est à l’Académie à décider, afin que cet ouvrage puisse être un livre classique utile aux étrangers qui apprennent notre langue par principes, et aux Français qui ne la savent que par l’usage. Les remarques sur l’art dramatique ne seront pas inutiles aux amateurs. Il me semble que je ne pouvais mieux finir ma carrière qu’en tâchant d’élever un monument à l’honneur des arts et de la nation. Je suis enchanté que vous vouliez bien y contribuer. Vous agissez comme bon citoyen et comme un homme qui m’honore de son amitié : ces deux motifs me sont bien sensibles.
La petite anecdote dont on vous a régalé sur Mlle Corneille est tout juste le contraire de ses sentiments et de sa conduite. Nous sommes, Mme Denis et moi, également contents de cette enfant. Elle fait la consolation de notre vie.
Pour l’anecdote de frère Menou, j’ignore encore si elle est vraie ; je ne conçois pas trop comment on peut condamner aux galères dans un pays où il n’y a point de port de mer : c’est peut--