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laides y sont fort sensibles. Je vous répondrais en vers, si je n’étais pas entièrement occupé de ceux de Corneille. Chaque moment que je dérobe au Commentaire que j’ai promis sur les ouvrages de ce grand homme est un larcin que je lui fais ; mais je ne puis me refuser au plaisir de vous remercier, et de vous dire avec combien d’estime j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, etc.


4642. — À M.  LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Août 1761.

Venez, messieurs[2], humiles habitare casas. Vous connaissez la Faucille. Dès qu’on la descend, on voit ma chaumière de Ferney ; c’est là que je vous attends avec le lait de mes vaches et les poulets de ma basse-cour.


Coricium videte senem, cui pauca beati
Jugera sunt.


Venez ; si vous aimez tant les jésuites, il y en a six à ma porte. Pour des jansénistes, nous n’en avons point ; nous n’avons que des pauvres. Nous n’en avons pas même assez, car nous manquons d’hommes.

Je vous attends avec la plus tendre impatience[3].

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. MM. l’ancien premier président de La Marche (Claude-Philippe Fyot), condisciple de Voltaire, et le président de Ruffey.
  3. MM. de La Marche et de Ruffey arrivèrent à Ferney dans les premiers jours de septembre (lettre à d’Argental du 5 de ce mois).

    C’est dans ce voyage que M.  de La Marche décida Voltaire à ne pas donner sa pièce du Droit du Seigneur sous le nom de Legouz, non qu’il y eût à Dijon un maître des comptes de ce nom, comme paraît le croire Beuchot, mais parce qu’une pareille liberté pouvait fort bien déplaire à Legouz de Gerland et au président Legouz de Saint-Seine, dont M. de La Marche était proche parent (lettre à d’Argental du 7 septembre).

    C’est également dans ce voyage que le président de Ruffey s’endormit à une lecture de Zulime (lettre à d’Argental, 14 septembre).

    Enfin, c’est pendant ce même séjour du président de Ruffey que fut écrite la lettre de Voltaire à d’Olivet (n° 4666) que Beuchot a placée à tort à la fin de septembre.

    Cette lettre en effet se termine par ces mots : « Le président de Ruffey, qui est chez moi, vous fait ses compliments. » Or, le 30 septembre, M. de Ruffey n’était plus à Ferney, puisqu’on trouve sous cette date une lettre que Voltaire lui adressait à Dijon. (Note du premier éditeur.)