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diens. Ils y ont gagné de l’argent. Ainsi, hors Fréron, tout le monde est content. Je le serais fort si vous pouviez franchir les montagnes, et faire ce qu’ont fait MM.  de Varenne. Je les ai trop peu vus, et je voudrais vous voir beaucoup.

Mille respects à Mme  de Ruffey.

P. S. Il y a un homme chez vous qui m’envoie de vieilles nouvelles[1]. Je lui dois, je crois, une année. Voudriez-vous avoir la bonté de lui faire payer son louis ? M.  Tronchin de Lyon rembourse tout. Je ne me mêle que de lire et de barbouiller, et surtout de vous aimer.


4307. — À M.  JEAN SCHOUVALOW.
À Ferney, 25 octobre.

Je reçois, par M.  de Kaiserling, la lettre dont vous m’avez honoré, du 11 septembre[2] (nouveau style), avec les Mémoires sur le commerce, et sur les campagnes en Perse. Je n’ai point encore entendu parler de M.  Pouschkin, et du paquet qu’il devait me faire parvenir de la part de Votre Excellence ; j’ai toujours jugé qu’il s’arrêterait à Vienne, pour le mariage de l’archiduc[3]. Vous venez de donner une belle fête à ce prince ; vos troupes, dans Berlin, font un plus bel effet que tous les opéras de Metastasio. C’est moi, monsieur, qui suis inconsolable de n’avoir pu faire ma cour à monsieur votre neveu ; jugez avec quels transports j’aurais reçu un homme de votre nom, et digne d’en être. Je vois souvent M.  de Soltikof ; je vous assure qu’il mérite de plus en plus votre bienveillance.

Il est bien dur d’être si loin de vous. J’ignore encore si un ballot envoyé, il y a un an, à l’adresse de M.  de Kaiserling à Vienne, est parvenu à Votre Excellence ; j’ignore si elle a reçu un autre ballot envoyé par Hambourg ; celui-là me tient moins au cœur ; il ne contenait qu’une espèce d’eau des Barbades[4], que je prenais la liberté de vous offrir.

Vous sentez, monsieur, que je ne puis bâtir la seconde aile de l’édifice, si je n’ai des matériaux ; vous avez commencé, vous achèverez. On est content du premier volume ; le libraire en a

  1. Probablement le Bulletin de Dijon.
  2. Ou du 31 août, selon l’ancien style, suivi par les Russes.
  3. Joseph-Benoît-Auguste (Joseph II, empereur en 1755), marié à Isabelle de Parme le 5 octobre 1760. (Cl.)
  4. La caisse d’eau de Colladon, dont il est question dans la lettre 3983.