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pardonne à ce pauvre Dardelle, qui a fait, je crois, quelques comédies, et qui ne peut souffrir qu’on l’appelle infâme. Ce monde est une guerre : ce Dardelle est un vieux soldat qui probablement mourra les armes à la main.

Pour moi, mes divins anges, je travaillerai pour le tripot, malgré ce beau titre d’infâme que ce maraud de Le Dain nous donne si libéralement. Et vous autres, protecteurs du tripot, n’avez-vous pas aussi votre dose d’infamie ?

Eh bien ! que fait Tèrée ? Que fera Oreste ?

Pièce nouvelle a remotis.

La czarine impératrice de toutes les Russies veut la moitié de son Czar, qui lui manque[1].

Ah ! si vous saviez combien j’ai de fardeaux à porter, et combien je suis faible, vous me plaindriez.

N. B. Si Corneille n’était pas né en France, j’aurais en horreur un pays qui a fait naître Le Dain et Omer.


4559. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Mai.

Fi, les vilains hommes qui boivent de ça ! Donnez-m’en encore pour trois sous, disait une brave Allemande.

Vous en voulez donc encore, mes divins anges ? En voici, et grand bien vous fasse ! Toute la cargaison est pour le petit troupeau des honnêtes gens ; les libraires n’en doivent point tâter, et le pain des forts ne doit pas être jeté aux chiens[2].

Laissez là vos procès ; donnez-nous des tragédies. Cela est bientôt dit. Voici, mes divins anges, le commentaire de votre texte : Vous faites des dépenses considérables pour rebâtir une église ; des prêtres vous font un procès criminel pour des os de morts dérangés dans un cimetière, et ils veulent que vous soyez puni de vos bienfaits ; vous êtes uni avec vos vassaux et avec votre curé ; vous avez une procuration d’eux tous pour appeler comme d’abus au parlement ; les entrepreneurs restent les bras croisés, et demandent des dommages : abandonnez les entrepre-

  1. Voltaire n’avait encore publié que la première partie de l’Histoire de Pierre le Grand.
  2. Dans la strophe 21 de la prose de la fête du Saint-Sacrement (Lauda, Sion, Salvatorem), on lit :

    Ecce panis angelorum
    · · · · · · · · · · · · · · ·
    · · · · · · · · · · · · · · ·
    Non mittendus canibus.