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du nom de Corneille et votre libraire, sous le nom duquel les œuvres de Corneille seront imprimées ; la plus grosse part, comme de raison, pour M. Corneille.

Je supplie l’Académie de daigner en accepter la dédicace. Chaque amateur souscrira pour tel nombre d’exemplaires qu’il voudra.

Je crois que chaque exemplaire pourra revenir à cinquante livres.

Les sieurs Cramer se feront un plaisir et un honneur de présider sous mes yeux à cet ouvrage ; on leur donnera pour leurs honoraires un certain nombre d’exemplaires pour les pays étrangers.

Je prendrai la liberté de consulter quelquefois l’Académie dans le cours de l’impression. Je la supplie d’observer que je ne peux me charger de ce travail, à moins que tout ne se fasse sous mes yeux ; ma méthode étant de travailler toujours sur les épreuves des feuilles, attendu que l’esprit semble plus éclairé quand les yeux sont satisfaits. D’ailleurs il m’est impossible de me transplanter, et de quitter un moment un pays que je défriche.

Je peux répondre que l’édition une fois commencée sera faite au bout de six mois. Telles sont, monsieur, mes propositions, sur lesquelles j’attends les ordres de mes respectables confrères.

Il me paraît que cette entreprise fera quelque honneur à notre siècle et à notre patrie ; on verra que nos gens de lettres ne méritaient pas l’outrage qu’on leur a fait, quand on a osé leur imputer des sentiments peu patriotiques, une philosophie dangereuse, et même de l’indifférence pour l’honneur des arts qu’ils cultivent.

J’espère que plusieurs académiciens voudront bien se charger des autres auteurs classiques. M. le cardinal de Bernis et monsieur l’archevêque de Lyon[1] feraient une chose digne de leur esprit et de leurs places de présider à une édition des Oraisons funèbres et des Sermons des illustres Bossuet et Massillon. Les Fables de La Fontaine ont besoin de notes, surtout pour l’instruction des étrangers. Plus d’un académicien s’offrira à remplir cette tâche, qui paraîtra aussi agréable qu’utile.

Pour moi, j’imagine qu’il me convient d’oser être le commentateur du grand Corneille, non-seulement parce qu’il est mon

  1. Montazet.