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si dégoûtante, qu’on a été obligé d’en faire des Abrégés chronologiques à colonnes, où tout le nécessaire se trouve, et où l’inutile seul est omis, pour sauver l’ennui d’une lecture insupportable à ceux de nos compatriotes qui veulent savoir en quelle année la Sorbonne fut fondée ; et aux curieux qui doutent si la statue équestre qui est dans la cathédrale gothique de Paris est de Philippe de Valois ou de Philippe le Bel.

Ne dissimulons point ; nous n’existons que depuis environ six vingts ans : lois, police, discipline militaire, commerce, marine, beaux-arts, magnificence, esprit, goût, tout commence à Louis XIV, et plusieurs avantages se perfectionnent aujourd’hui. C’est là ce que j’ai voulu insinuer, en disant que tout était barbare chez nous auparavant, et que la chaire l’était comme tout le reste. Urceus Codrus ne valait pas trop la peine que je vous parlasse longtemps de lui ; mais il m’a fourni des réflexions qui pourront être utiles si vous avez la bonté de les redresser.

P. S. Dans l’éloge que je viens de faire de ce siècle, dont je vois la fin, je ne prétends point du tout comprendre le libraire qui a imprimé l’Appel aux nations[1], en faveur de Corneille et de Racine, contre Shakespeare et Otway ; et j’avouerai sans peine que Robert Estienne imprimait plus correctement que lui. Il a mis des certitudes pour des attitudes ; profanes pour anciennes ; votre sœur, pour ma sœur, et quelques autres contre-sens qui défigurent un peu cette importante brochure. Comme c’est un procès qui doit être jugé à Pétersbourg, à Berlin, à Vienne, à Paris, et à Rome, par les gens qui n’ont rien à faire, il est bon que les pièces ne soient point altérées.


4532. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[2].
Ferney, le 24 avril 1761.

On m’a traité comme un petit enfant : on m’a envoyé des confitures de Dijon ; mais je ne sais pas qui m’a fait cette galanterie[3]. Je soupçonne M. le président de Ruffey, et je le supplie de vouloir bien me dire ce qui en est ou ce qu’il en sait.

Je vous avais répondu, monsieur, sur une proposition que

  1. Voyez tome XXIV, page 191.
  2. Éditeur, Th. Foissel.
  3. C’était M. Quarré de Quintin, procureur général au parlement de Dijon, à qui Voltaire avait envoyé ses ouvrages.