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plus attachante, plus théâtrale, plus favorable à de bons acteurs. Ai-je tort ?

Lekain ne m’a point écrit.

Si vous étiez des anges sans préjugés, vous verriez que le Droit du Seigneur n’est pas à dédaigner ; que le fonds en était bon ; que la forme y a été mise à la fin ; qu’il n’y a pas une de vos critiques dont on n’ait profité ; que la pièce est tout le contraire de ce que vous avez vu ; en un mot, je vous conjure de la laisser passer sous le masque en son temps.

Il faut un autre amant à Fanime. Je lui en fournirai un ; mais le Czar m’attend, et l’Histoire générale se réimprime, augmentée de moitié, et la journée n’a que vingt-quatre heures, et je ne suis pas de fer.

Je n’ai point la nouvelle reconnaissance d’Oreste et d’Electre ; daignez me l’envoyer, ou j’en ferai une autre. Je suis entouré de vers, de prose, de comptes d’ouvriers ; je ne peux me reconnaître. Il est très-vrai qu’il s’agit d’un mariage pour Mlle Corneille, et que l’emploi de valet de poste a arrêté le soupirant[1]. Voilà ce qu’a produit Fréron : et on protège cet homme !

Le Brun est un bavard. Il m’avait insinué, dans ses premières lettres, que je ne devais pas laisser Mlle Corneille dans l’indigence après ma mort. Je lui ai mandé que j’avais fait là-dessus mon devoir. Il l’a dit, et il a tort.

Que voulez-vous donc de plus terrible, de plus affreux, à la mort de Clytemnestre, que de l’entendre crier ? Il n’y a point là de beaux vers à faire : c’est le spectacle qui parle ; et ce qu’on dit, en pareil cas, affaiblit ce qu’on fait.

Mais songez que Térée[2] et Oreste tout de suite, voilà bien du grec, voilà bien de l’horreur ; il faut laisser respirer. Je voudrais une petite comédie entre ces deux atrocités, pour le bien du tripot.

Daignerez-vous répondre à tous mes points ? Je n’en peux plus, mais je vous adore.

Pour Dieu, dites-moi si vous ne trouvez pas le mémoire contre les jésuites bien fort et bien concluant ? Comment s’en tireront-ils ? Je les ai fait plier tout d’un coup sans mémoire ; je les ai fait sortir d’un domaine qu’ils usurpaient. Ils n’ont pas osé plaider contre moi ; mais il ne s’agissait que de cent soixante mille livres.

  1. Voyez la lettre 4511.
  2. Térée, tragédie de Lemierre, fut jouée le 25 mai 1761.