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4488. — À M.  SAURIN.
Ferney, 2 février.

Toutes les fois qu’un frère gratifie le public de quelque bon ouvrage auquel on applaudit[1], je me jette à genoux dans mon petit oratoire ; je remercie Dieu, et je m’écrie : Ô Dieu des bons esprits ! Dieu des esprits justes, Dieu des esprits aimables, répands ta miséricorde sur tous nos frères ; continue à confondre les sots, les hypocrites et les fanatiques ! Plus nos frères feront de bons ouvrages, en quelque genre que ce puisse être, plus la gloire de ton saint nom sera étendue. Fais toujours réussir les sages, fais siffler les impertinents. Puissé-je voir, avant de mourir, ton fidèle serviteur Helvétius et ton serviteur fidèle Saurin dans le nombre des Quarante !

Ce sont les vœux les plus ardents du moine Voltarius, qui, du fond de sa cellule, se joint à la communion des frères, les salue, et les bénit dans l’esprit d’une concorde indissoluble. Il se flatte surtout que le vénérable frère Helvétius rassemblera, autant qu’il pourra, les fidèles dispersés, les sauvera du venin du basilic, et de la morsure du scorpion, et des dents des Fréron et des Palissot. Nous recommandons aussi aux combattants du Seigneur les persécuteurs fanatiques qu’il faut dévouer à l’exécration publique.

Pourquoi l’auteur des Mœurs du temps, qui peint si bien son monde, ne peindrait-il pas un Omer ?


Car est le peintre indigne de louange,
Qui ne sait peindre aussi bien diable qu’ange[2].


J’embrasse frère Saurin bien tendrement.


Frère V.

4449. — À M.  DAMILAVILLE.
Ferney, 2 février.

Je réitère à M.  Damilaville et à M.  Thieriot mes sincères remerciements de la bonté qu’ils ont de publier ma déclaration[3]

  1. Les Mœurs du temps, comédie en un acte et en prose, jouée le 22 décembre 1760.
  2. C’est l’avis que nous avons donné tome XXIV, page 159.
  3. Marot, Épître à ceux qui, après l’Épigramme du beau tétin, en firent d’autres.