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4444. — À M.  L’ABBÉ DE LA PORTE[1].
2 février.

Je réitère à M.  l’abbé de La Porte toutes les assurances de mon estime pour lui et de ma reconnaissance. La première feuille de l’année 1761 m’a paru un chef-d’œuvre en son genre. J’ai toujours sur le cœur que messieurs de la poste n’aient pas daigné lui faire parvenir, il y a trois mois, mon paquet et ma lettre. Je lui fais mes sincères remerciements.


4445. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 2 février.

Anges de paix, mais anges de justice, voici le Panta-odai du sieur Abraham Chaumeix, tel qu’on me l’a envoyé de Paris ; je l’ai fait copier fidèlement. Je ne connais point


Le petit singe à face de Thersite[2] ;


mais si cet homme est tel qu’on me le mande, il mérite l’exécration publique, et je ne connais personne qui doive craindre de démasquer un personnage si ridicule et si odieux. Quand on joint les mensonges de Sinon au style de Zoïle, à l’impudence de Thersite, et à la figure de Ragotin, on doit s’attendre de recevoir en public le châtiment qu’on mérite ; et ceux qui n’ont pas la force en main pour se venger font très-bien de payer les Thersite et les Zoïle dans leur propre monnaie. Se reconnaîtra qui voudra dans cette fidèle peinture. On n’en craint point les conséquences, on est bien aise même que Thersite sache à quel point on le hait et on le méprise ; on en fera profession publique

  1. Joseph de La Porte, né à Belfort (Haut-Rhin), en 1713, mort en décembre 1779. Il avait d’abord travaillé à quelques ouvrages périodiques, en société avec Fréron, et, entre autres, à l’Année littéraire. Brouillé momentanément avec le principal auteur de ce journal, l’abbé de La Porte commença, en 1758, à publier l’Observateur littéraire. La première feuille de cet écrit périodique pour l’année 1761, dont Voltaire parle ici comme d’un chef-d’œuvre en son genre, contenait un article sur l’Année littéraire, journal dans lequel l’abbé de La Porte voyait « un dessein formé de censurer, d’avilir, de décrier des chefs-d’œuvre, et nos écrivains les plus célèbres placés au-dessous des plus obscurs littérateurs ». (Cl.) — Voyez tome XXIV, page 188.
  2. Voyez la lettre à d’Alembert, du 9 février, n° 4456.