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Et c’est Aménaïde, et non la suivante, qui fait tout ; et il est bien plus naturel de lui donner de la confiance pour un esclave qui l’a déjà servie que de remettre tout aux soins de Fanie : cela était trop d’une petite fille, et cette fermeté du caractère d’Aménaïde prépare mieux les reproches vigoureux qu’elle fait ensuite à son père.

5° Jamais je n’ai eu d’autre idée, au troisième acte, que de faire apprendre à Tancrède son malheur par gradation ; je n’ai jamais prétendu qu’il parlât d’abord à Aldamon, comme au confident de son amour ; et quand Tancrède disait, au nom d’Orbassan :


Orbassan, l’ennemi, le rival de Tancrède !

(Scène I.)


il le disait à part ; et, pour lever toute équivoque, j’ai mis l’oppresseur de Tancrède, au lieu de rival. J’ai toujours prétendu que Tancrède, en arrivant dans la ville, avait appris, par le bruit public, qu’Orbassan devait épouser Aménaïde ; c’est une chose très-naturelle : tout le monde en parle, et Aldamon n’en sait que ce que la voix publique lui en a appris.

Quand Tancrède demande qui commande les armes dans la ville, Aldamon peut répondre :


Ce fut, vous le savez, le respectable Argire,
....................
Mais · · · · · · · · · · Orbassan lui succède.

(Acte iii, scène i.)

En un mot, tout l’art de cette scène doit consister dans la manière dont Tancrède laisse pénétrer son secret par Aldamon, qui voit, par son émotion, quels sont ses chagrins et ses projets. Je vais parler de vous était équivoque ; vous cependant ne signifie pas je vous nommerai ; il signifie qu’Aménaïde pourra se douter quel est ce vous ; mais cela est trop subtil, et vous m’envoyez vaut mieux. Ce sont bagatelles.


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Je suis encor sous le couteau

(Acte III, scène vii.)


est une expression noble et terrible : si on ne la trouve pas ailleurs, tant mieux ; elle a le mérite de la nouveauté, de la vérité, et de l’intérêt. Cette scène a fait un grand effet chez moi. Il faut laisser dire les petits critiques, qui font semblant de s’effarou-