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Adieu, monsieur, je vous respecte, je vous aime de tout mon cœur.

P. S. Ne m’oubliez pas auprès de mon illustre Goldoni, que j’aime plus que jamais.


4287. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 4 octobre, à midi.

Eh ! mon Dieu, mes anges, vous voilà fachés contre moi ! vous voilà des anges exterminateurs. Que votre face ne s’allume pas contre moi, et regardez-moi en pitié.

Je vous ai écrit une lettre[1] ce matin ; je réponds à votre courroux du 29. Figurez-vous que je n’ai le temps ni de manger ni de dormir ; la tête me tourne.

1° Je vous jure qu’on m’a mandé que Lekain et la Clairon avaient arrangé le troisième acte à leur fantaisie ; mais allons pied à pied, si je puis, et commençons par le commencement.

2° J’ai déjà dit et je redis que la transfusion des deux scènes paternelles d’Argire avec Aménaïde en une seule scène, vers la fin du premier acte, était le salut de la république ; j’ai remercié et je remercie.

3° Je m’en tiens à cette manière de finir le premier acte :


Viens… je te dirai tout… mais il faut tout oser ;
Le joug est trop affreux ; ma main doit le briser ;
La persécution enhardit la faiblesse.


Cela fortifie le caractère d’Aménaïde, et rend en même temps ses accusateurs moins odieux.

4° Le second acte commence encore d’une manière plus forte :


....................
Moi, des remords ! qui, moi ! le crime seul les donne, etc.

    Tancrède. Je prie le gentil poète qui me fait l’honneur de m’embellir de s’arrêter un peu, parce que la tragédie de Tancrède qu’on représente à Paris est bien différente de celle que je vous mandai avec trop de hâte. Il est besoin de repolir sans cesse nos œuvres, « et de remettre sur l’enclume les vers mal formés ».


    Voici donc nos amusements comiques qui s’en vont au diable avec le beau temps. J’ai toujours joué le vieillard sur mon petit théâtre, et je l’ai représenté trop au naturel. Ma vieillesse ne me permet pas d’aller à Bologne. Venez donc à nos pauvres Délices.

  1. Elle manque. (Cl.)