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Tancrède, et, de grâce, un petit mot d’Oreste ; après quoi vous daignerez m’apprendre si nous aurons la guerre ou la paix.

À propos de guerre, permettez que je vous parle de peste. Nous sommes menacés de la peste dans notre petit pays de Gex. J’ai pris la liberté de présenter requête contre elle à M. de Courteilles. Je vous supplie d’appuyer mes très-humbles représentations : il s’agit d’un marais plein de serpents, qu’apparemment Fréron, Abraham Chaumeix, Guyon, Gauchat, et les auteurs du Journal chrétien, ont envoyés.

Mais que deviennent les yeux de M. d’Argental ? Je suis plus inquiet d’eux que de ma peste.

Est-il vrai qu’on ait joué à Versailles la Femme qui a raison, et que la reine ait été de l’avis de Fréron ?

Avez-vous lu l’ouvrage[1] évangélique adressé à mon ami Guyon, sur l’Ancien et le Nouveau Testament ? Cela est poivré ; c’est un petit livre excellent. Est-il vrai que le théologien de l’Encyclopèdie, Morellet ou Mords-les, en soit l’auteur ? Quel qu’il soit, son livre est brûlé et bénit.

Comment suis-je avec M. le duc de Choiseul ? Quand revient le vainqueur de Mahon ?

Ayez pitié de moi, vous dis-je, auprès de M. de Courteilles. Il est dur d’être pestiféré dans un château qu’on vient de bâtir.

À l’ombre de vos ailes.



4407. — À M. DAMILAVILLE.
6 janvier.

Le solitaire des Alpes fait mille compliments à M. Damilaville et à M. Thieriot. Il désire fort d’avoir le livre sur les impôts[2], qui a envoyé son auteur à Vincennes. M. Thieriot ne pourrait-il pas adresser ce volume à M. Tronchin, à Lyon, par la diligence, en cas qu’il soit un peu gros ? Mes lettres sont courtes, monsieur, mais mes travaux sont longs. S’ils vous amusent, pardon à la brièveté de mon style épistolaire. J’ose vous prier de vouloir bien faire rendre l’incluse. Je ne sais nulle nouvelle de la littérature : je me recommande à M. Thieriot comme à vous. Mille souhaits per le sante feste del divino natale.

  1. L’Oracle des anciens fidèles : voyez la lettre 4360.
  2. Théorie de l’impôt, par le marquis de Mirabeau.