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répondre. Ah ! ah ! vous êtes chrétiens, à ce que vous dites, et moi je prouve que je le suis. Il est vrai qu’on imprime une Pucelle en vingt chants ; mais que m’importe ? Est-ce moi qui ai fait la Pucelle ? C’est un ouvrage de société, fait il y a trente ans. Si j’y travaillai, ce ne fut qu’aux endroits honnêtes et pudiques. Ah ! ah ! maître Omer, je ne vous crains pas.

Ma belle philosophe, j’embrasse vos amis et votre fils.


4391. — À M.  THIERIOT[1].
26 décembre.

Bon ! bon ! voilà un excellent renfort pour notre Capilotade que cet abbé Grizel ! Ne manquez pas, je vous prie, de me faire savoir les suites de cette affaire divine ! Comment ! cinquante mille livres volées à la terre pour enrichir le ciel ? Cela va être incessamment dans son cadre. Il est bon aussi de savoir si notre cher Fréron est écroué pour 12 m" (mois) ; en ce cas, le For-l’Évêque sera son Parnasse. Je suis très-affligé de petit Ballot. Cinquante-sept ans, ce n’est pas Voiture. Nous sommes plus tenaces, nous autres. Domestick purges procure a long life, dit Cheyne le docteur. Entendez, par la Lettre à l’Oracle[2], lettre à l’auteur de l’Oracle ; c’était brevitatis causa. Les étincelles doivent sauter au visage de ceux qui ont brûlé cette excellente brochure.

N. B. J’ai dépossédé les frères jésuites d’un bien assez considérable qu’ils avaient usurpé sur six frères, tous officiers du roi. Je leur ai prêté sans intérêt tout l’argent nécessaire pour rentrer dans leur héritage. Je crois vous l’avoir mandé. Cela est bien pis que la Maladie, la Mort et la Vision du frère Berthier. Pour me mettre à l’abri des calomnies de frère Kroust et autres, j’écris à un sénateur de Bolonia la Grassa[3], mon ami, très-bien auprès du pape, grand homme de lettres ; je l’instruis de l’état de la littérature en Gaule ; je finis par une belle profession de foi, naturellement et gaiement amenée. C’est une bonne réponse à tous les criailleurs, de leur dire : Polissons, sachez que je suis meilleur chrétien que vous et meilleur serviteur du roi.

C’est alors qu’on est le maître absolu dans ses châteaux.

Il y a une lettre de monsieur l’archevêque de Lyon à mon-

  1. Éditeurs, de. Cayrol et François. — C’est à tort qu’ils ont cru que cette lettre était de 1770.
  2. Il s’apit de l’Oracle des anciens fidèles, réponse à l’Oracle des philosophes : voyez la lettre à Thieriot du 8 décembre.
  3. Albergati.