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vous êtes, vous auriez concilié tous les esprits. Quoique je n’aime guère la ville de Paris, il me semble que je ferais le voyage pour vous donner ma voix.

Je ne sais si les deux Genevois[1] ont eu le bonheur après lequel je soupire, celui de vous voir ; je les avais chargés d’une lettre pour vous. J’avais pris même la liberté de vous communiquer mon petit remerciement[2] au roi de Pologne de son livre intitulé l’Incrédulité combattue par le simple bon sens. Il a daigné me remercier de ma lettre par un petit billet[3] de sa main, qui n’a pas été contre-signé Menoux.

Adieu, monsieur ; daignez, dans le chaos, dans la décadence, dans le temps ridicule où nous sommes, me fortifier contre ce pauvre siècle, par votre souvenir, par vos bontés, par les charmes de votre esprit, qui est du bon temps. Mille tendres respects.


4269. — À M.  THIERIOT.
À Ferney, 23 septembre.

Monsieur l’habitant du Marais, que n’envoyez-vous chercher des billets de loge et d’amphithéâtre chez M.  d’Argental ? Pourquoi, dans les beaux jours, ne vous donnez-vous pas le plaisir honnête de la Comédie ? Je trouve un peu extraordinaire que messieurs les comédiens du roi, et les miens, vous aient ôté votre entrée. Qu’ils vous en privent quand ils jouent les Philosophes, à la bonne heure ; mais il me semble que ceux à qui j’ai fait présent de plusieurs pièces de théâtre, et à qui j’abandonne le profit de la représentation et de l’impression, devraient vous avoir invité au petit festin que je leur donne.

Je vous prie, mon cher amateur des arts, de vouloir bien ajouter à tous vos envois la traduction du Père de Famille, ou du Vero Amico, de Goldoni, par Diderot, avec sa préface et l’épître à Mme  de La Marck[4].

Si l’Ècossaise[5] est plaisante, comme on me le mande, ayez la charité de la mettre dans le paquet : car il faut rire.

C’est aussi pour rire que je voudrais savoir positivement si c’est l’ami Gauchat qui est l’auteur[6] de l’Oracle des Nouveaux Philo-

  1. MM.  Turretin et Rilliet, nommés dans la lettre 4231.
  2. La lettre 4230.
  3. Ce billet n’est pas connu.
  4. Cette préface et cette épître étaient de Grimm. La traduction est de Deleyre.
  5. Parodie de l’Écossaise par Poinsinet jeune et d’Avesne. (G. A.)
  6. C’était Guvon.