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qui n’a rien de commun avec lui qu’un seul article : car pour la morale et les agréments, il n’y a nulle ressemblance ni conformité ; d’ailleurs, si cela vous divertit, vous avez raison, n’en parlons plus. Dites-moi, je vous prie, pourquoi vous ne répondez jamais à ce que je vous écris ? Je vous parle de votre tragédie, de votre comédie ; vous ne daignez pas m’en dire un mot. J’ai lieu de croire que mes lettres vous ennuient ; j’en serais fâchée, parce que les vôtres me font plaisir. J’attends avec impatience votre histoire du czar ; j’ai grand besoin de lecture qui m’amuse ; je lis six ou sept heures par jour ou par nuit, et j’ai tout épuisé. J’ai été très-contente de l’histoire des Stuarts[1] ; elle est un peu fatigante, mais il y a des morceaux sublimes.

Si vous aviez de l’amitié pour moi, comme vous voulez m’en flatter, vous pourriez m’envoyer beaucoup de choses, j’en suis sûre ; mais vous me traitez comme une caillette.

Il arriva hier un courrier qui nous apporta la nouvelle d’un petit avantage que M.  de Stainville a remporté sur le prince héréditaire ; c’est être débredouillé.

Votre lettre au roi de Pologne est imprimée, je ne crois pas que ce soit par l’ordre du frère Menoux. Adieu, monsieur, je vous aime beaucoup, et je crois que vous ne m’aimez guère.

Le président veut que je vous dise qu’il vous désapprouve infiniment de donner le premier tome de votre histoire du czar avant le second ; je crois effectivement qu’il n’a pas tort, mais si le second nous faisait trop attendre le premier, ne suivez pas son conseil, je suis pressée de vivre.


4263. — À M.  COLINI.
20 septembre.

J’ai été bien malade, mon cher Colini, et il faut, dans ma convalescence, me tuer pour le plaisir des autres. J’ai chez moi le duc de Villars avec grande compagnie ; on joue la comédie. Ma très-mauvaise santé, et l’obligation de faire les honneurs de chez moi, m’ont mis dans l’impossibilité de faire le voyage. J’ai écrit[2] à Son Altesse électorale il y a environ quinze jours, et j’ai eu l’honneur de lui adresser un assez gros paquet, que j’ai confié à M.  Defresnei de Strasbourg. Si le paquet n’a pas été rendu, ne manquez pas, je vous prie, d’en informer M.  Defresnei. L’affaire[3] que vous savez est entamée ; j’espère qu’elle réussira, pour peu que nos armées aient du succès. Je vous embrasse de tout mon cœur. V.

  1. L’Histoire de la maison de Stuart, par Hume, traduite en 1760 par l’abbé Prévost.
  2. Cette lettre manque. (B.)
  3. La réclamation des objets volés par Freytag, à Francfort, en juin 1753.