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Vous sentez donc ce qu’on doit aux gens de son parti ; M.  le duc d’Orléans disait qu’il fallait avoir la foi des Bohèmes.

Je ne sais si vous avez vu une lettre de moi au roi de Pologne Stanislas[1] ; elle court le monde : c’est pour le remercier d’un livre qu’il a fait de moitié avec le cher frère Menoux, intitulé l’Incrédulité combattue par le simple… bon sens.

Si vous ne l’avez point, je vous l’enverrai, et je chercherai d’ailleurs, madame, tout ce qui pourra vous amuser : car c’est à l’amusement qu’il faut toujours revenir, et sans ce point-là l’existence serait à charge. C’est ce qui fait que les cartes emploient le loisir de la prétendue bonne compagnie, d’un bout de l’Europe à l’autre ; c’est ce qui fait vendre tant de romans. On ne peut guère rester sérieusement avec soi-même. Si la nature ne nous avait faits un peu frivoles, nous serions très-malheureux ; c’est parce qu’on est frivole, que la plupart des gens ne se pendent pas.

Je vous adresserai, dans quelque temps, un exemplaire de l’Histoire de toutes les Russies. Il y a une Préface à faire pouffer de rire, qui vous consolera de l’ennui du livre.

Adieu, madame ; je suis malade, portez-vous bien. Soyez aussi gaie que votre état le permet, et ne boudez plus votre ancien ami, qui vous est tendrement attaché pour toujours.


4253. — À M.  LE COMTE ALGAROTTI.
Septembre.

No, no, no, caro cigno di Padova, non ho ricevuto le lettere sopra la Russia[2], e me ne dolgo ; car, si je les avais lues, j’en aurais parlé dans une très-facétieuse Préface[3] où je rends justice à ceux qui parlent bien de ce qu’ils ont vu, et où je me moque beaucoup de ceux qui parlent à tort et à travers de ce qu’ils n’ont point vu. Baste, se sera pour l’antiphone du second volume : car vous saurez que, n’ayant point encore reçu les mémoires nécessaires pour le complément de l’ouvrage, je n’ai pas encore été plus loin que Pultava.

  1. Voyez n° 4230.
  2. Saggio di Lettere sopra la Russia. Ce recueil était le Journal du voyage fait par Algarotti à Petersbourg, en 1739, sur la frégate l’Auguste, aux ordres de milord Baltimore. Ce voyage ou ces Lettres ont été traduites en français. Paris, 1769, in-12 ; Neufchâtel, 1770, in-12 ; et dans le tome V des Œuvres d’Algarotti traduites en français, Berlin, 1772, huit volumes in-8o.
  3. Voyez tome XVI, page 381 ; et la lettre 4219.