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pas si la religion et la morale enseignent à faire imprimer les lettres d’un homme sans son consentement ; il a un peu altéré la pureté du texte ; mais il ne faut pas y regarder de si près. Tous ces rogatons me reviennent fort tard, et je n’ai lu aucune fréronade.

Je remercie M.  Darget de son souvenir, et je vous prie, madame, de vouloir bien lui dire que je lui suis toujours très-tendrement dévoué. Je ne sais point quel est l’auteur[1] du poëme sur la peinture dont vous me parlez, ni quelle est son aventure. Je ne connais de Sœur du pot[2] que celle de mon village. Au reste, je ne réponds à toutes les calomnies dont on accable les philosophes, et à toutes les accusations ridicules d’irréligion, qu’en faisant bâtir actuellement une église. Je sais bien que cette bonne œuvre me ruine dans ce monde-ci ; mais Dieu me le rendra dans l’autre. Je voudrais pouvoir un jour y entendre la messe avec vous.


4226. — À M.  MARMONTEL,
à paris.
13 auguste.

Nous avions été un peu alarmés, monsieur, de certaines terreurs paniques que messieurs les directeurs de la poste avaient conçues : jamais crainte n’a été plus mal fondée. M.  le duc de Choiseul et Mme  de Pompadour connaissent la façon de penser de l’oncle et de la nièce ; on peut tout nous envoyer sans risque ; on sait que nous aimons le roi et l’État. Ce n’est pas chez nous que les Damiens ont entendu des discours séditieux[3] ; on ne prétend point chez nous que l’État doive périr faute de subsides ; nous n’avons point de convulsionnaires dans nos terres. Je dessèche des marais, je bâtis une église, et je fais des vœux pour le roi. Nous défions tous les jansénistes et tous les molinistes d’être plus attachés à l’État que nous le sommes. Il est vrai que nous rions du matin au soir des Pompignan et des Fréron ; mais, quoique Lefranc ait épousé la veuve[4] d’un directeur des postes, il ne peut empêcher qu’on ne me donne, tous les ordinaires, une liste de ses ridicules. Vous pouvez m’écrire en toute sûreté : le roi ne trouve point mauvais que des amis s’écrivent que Fréron est un bas

  1. Watelet.
  2. Voyez la lettre du 8 août à Thieriot.
  3. Voyez tome XXV, page 389.
  4. M.-Ant.-Fél. de Caulaincourt, mariée en premières noces à Grimod du Fort.