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et que, dans sa situation, il a besoin d’être membre de notre compagnie. Le pis-aller serait d’avoir au moins plusieurs voix pour lui, et d’être comme désigné pour la première place vacante. Cette démarche serait honorable pour les lettres ; elle ferait voir que l’Académie ne juge point d’après de vaines satires et de fausses allégations. Enfin vous pouvez prendre avec M.  Diderot et vos amis les mesures qui vous paraîtront convenables. Si vous approuvez mon ouverture, et si on a besoin d’une voix, je ferai volontiers le voyage, après quoi je retournerai à ma charrue et à mes moutons.

Je vous supplie de me dire ce que vous en pensez, et de compter sur l’estime sincère et l’inviolable attachement de votre, etc.


4204. — À M.  FABRY[1].
Aux Délices, 28 juillet.

On ne peut être plus sensible que je le suis, mon cher monsieur, à toutes vos bontés. Je ne doute pas que monsieur l’intendant ne fasse justice de la rapine des commis. Je vois que les gens du sieur Sédillot imitent leur maître. Je ne sais pas si ce sieur Sedillot est en droit de refuser communication des titres en vertu desquels il prétend que certains champs de la terre de Ferney doivent des lods et ventes au curé de Dieppe, abbé de Prévezin. Il a reçu l’argent sans montrer aucun titre, et a donné pour reçu : Nous, baron de Saint-Genier, écuyer, avons reçu, etc. Ce Nous est du style du roi, quand il parle en son conseil. Je crois d’ailleurs que ce Sédillot n’est ni ècuyer, ni baron, à moins que, par écuyer, il n’entende cuisinier selon l’ancien langage, et par baron il n’entende le barone des Italiens, qui ne signifie pas honnête homme. On dit que c’est lui qui a fait la belle affaire des commis qui ont saisi le blé de mon fermier. Je vous supplie de me faire savoir si on ne pourrait pas le désécuyer, le débaroniser juridiquement, et le forcer à montrer les titres de Prévezin.

Je vous remercie, vous et monsieur votre frère, de la pancarte auvergnaque. Je vous supplie de vouloir bien présenter mes remerciements à monsieur votre frère, et de compter sur l’attachement inviolable de votre très-humble obéissant serviteur.

  1. diteurs, Bavoux et François.