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paquet ; et, comme je ne me souviens plus de la date, je ne sais s’il m’écrit avant ou après l’avoir reçu ; et cela me fait de la peine ; et c’est à vous à savoir si vous avez mon paquet, et à le demander si vous ne l’avez pas, et à me dire d’où vient ce changement extrême ; et vous noterez que dans ce paquet était, entre autres, ma lettre[1] au Palissot, laquelle vous vouliez lire et faire lire ; mais les notes du Russe à Paris en disent plus que cette lettre ; et vous noterez encore qu’il y avait dans mon paquet un billet[2] pour Protagoras.

On me mande de tous côtés que Lefranc est très-mal auprès de l’Académie et du public, qu’on rit avec Vadé, qu’on bénit le Russe, que le sermon sur la Vanité plaît aux élus et aux réprouvés. Dieu soit béni, et qu’il ait la bonne cause en aide ! Si on n’avait pas fait cette justice de Lefranc, tout récipiendaire à l’Académie se serait fait un mérite de déchirer les sages dans sa harangue. Je compte que M.  Alethof a rendu service aux honnêtes gens.

On dit qu’on imprime un petit recueil[3] de toutes ces facéties. Hélas ! sans le malheureux passage du prophète sur Mme  la princesse de Robecq, on n’aurait entendu que des éclats de rire de Versailles à Paris.

Est-il vrai qu’on va jouer l’Écossaise ? Que dira Fréron ? Ce pauvre cher homme prétend, comme vous savez, qu’il a passé pour être aux galères, mais que c’était un faux bruit. Eh ! mon ami, que ce bruit soit vrai ou faux, qu’est-ce que cela peut avoir de commun avec l’Écossaise ?


4197. — À MADAME BELOT[4].
22 juillet.

J’ai reçu une lettre du 2 juillet, non datée, non signée ; je la crois de Mme  de Sévigné.

Je ne suis rien de ce qu’on me dit ; je ne suis qu’un laboureur. Mais j’ai l’honneur d’être en relations avec Mlle  Vadé et avec un frère de la Doctrine chrétienne. J’envoie leurs vers à la personne du monde qui écrit le mieux en prose. J’avais deux Russes : on me les a pris. J’en retrouverai. Il n’y a rien qu’on ne fasse pour Mme  de Sévigné, à qui je souhaite autant de bonheur qu’il y a de ridicule de Montauban à Paris[5].

  1. Celle qui porte le n° 4184.
  2. Sans doute le cinquième alinéa de la lettre 4194.
  3. Voltaire en avait fait la préface ; voyez tome XXIV, page 127.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
  5. Allusion à Lefranc de Pompignan, président à Montauban.