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brochures, parmi lesquelles il y en a quelques-unes de bonnes, et beaucoup de mauvaises.

Pendant ce temps-là est arrivé le scandale de la comédie des Philosophes. Mme de Robecq a eu le malheur de protéger cette pièce, et de la faire jouer. Cette malheureuse démarche a empoisonné ses derniers jours. On m’a mandé[1] que vous vous étiez jointe à elle ; cette nouvelle m’a fort affligé. Si vous êtes coupable, avouez-le-moi, et je vous donnerai l’absolution.

Si vous voulez vous amuser, lisez le Pauvre Diable et le Russe à Paris. J’imagine que le Russe vous plaira davantage, parce qu’il est sur un ton plus noble.

Vous lisez les ordures de Fréron : c’est une preuve que vous aimez la lecture ; mais cela prouve aussi que vous ne haïssez pas les combats des rats et des grenouilles.

Vous dites que la plupart des gens de lettres sont peu aimables, et vous avez raison. Il faut être homme du monde avant d’être homme de lettres ; voilà le mérite du président Hénault. On ne devinerait pas qu’il a travaillé comme un bénédictin[2].

Vous me demandez comment il faut faire pour vous amuser ; il faut venir chez moi, madame. On y joue des pièces nouvelles, on y rit des sottises de Paris, et Tronchin guérit les gens quand on a trop mangé. Mais vous vous donnerez bien de garde de venir sur les bords de mon lac ; vous n’êtes pas encore assez philosophe, assez détachée, assez détrompée. Cependant vous avez un grand courage, puisque vous supportez votre état ; mais j’ai peur que vous n’ayez pas le courage de supporter les gens et les choses qui vous ennuient.

Je vous plains, je vous aime, je vous respecte, et je me moque de l’univers à qui Pompignan parle.


4186. — À MADAME D’ÉPINAI.
Aux Délices, 14 juillet.

Voici ma réponse, madame, à une lettre très-injuste adressée à notre cher docteur, et qu’il vient de m’envoyer. Je vous en fais tenir copie ; comptez que c’est la loi et les prophètes.

  1. D’Alembert ; voyez la lettre 4116.
  2. Quelques personnes disent que le principal auteur de l’Abrégé chronologique de l’Histoire de France est l’abbé Boudot. Ce n’est pas l’opinion de M. Walckenaer, qui a donné la meilleure édition de cet ouvrage (il n’est pas l’auteur de la continuation), 1821-1822, six volumes in-8o, et qui croit que l’abbé Boudot fut seulement collaborateur d’Hénault. (B.)