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Mais voici une meilleure affaire. Notre ministère doit de l’argent à la ville de Francfort-sur-le-Mein. M. le duc de Choiseul me protège beaucoup ; le roi est content de moi. Voici le moment de faire arrêt sur l’argent dû à Francfort. Envoyez-moi un petit écrit conçu en ces termes : « Je donne pouvoir à M. de Voltaire de répéter pour moi, devant qui il appartiendra, la somme de deux mille écus d’empire, qui me furent pris à Francfort-sur-le-Mein, le 20 juin 1753, lorsque je fus arrêté par les soldats de ladite ville, conjointement avec M. de Voltaire et Mme Denis, contre le droit des gens. » Envoyez-moi cet écrit sur un petit carré de papier que je joindrai à ma requête. J’espère qu’enfin vos deux mille écus d’empire vous seront rendus ; cela vaudra une dédicace ; e vi auguro ogni félicita.


4183. — AU PÈRE DE MENOUX[1].
11 juillet.

En vous remerciant du Discours royal[2] et de vos quatre lignes.

Mettez-moi, je vous prie, aux pieds du roi ad multos annos.

Envoyez surtout beaucoup d’exemplaires en Turquie, ou chez les athées de la Chine : car, en France, je ne connais que des chrétiens. Il est vrai que, parmi ces chrétiens, on se mange le blanc des yeux pour la grâce efficace et versatile, pour Pasquier-Quesnel et Molina, pour des billets de confession. Priez le roi de Pologne d’écrire contre ces sottises, qui sont le fléau de la société : elles ne sont certainement bonnes ni pour ce monde ni pour l’autre.

Berthier est un fou et un opiniâtre, qui parle à tort et à travers de ce qu’il n’entend point. Pour le révérend père colonel de mon ami Candide, avouez qu’il vous a fait rire, et moi aussi. Et vous, qui parlez, vous seriez le révérend père colonel dans l’occasion, et je suis sûr que vous vous en tireriez bien, et que vous auriez très-bon air à la tête de deux mille hommes.

Je suis très-fàché que votre palais de Nancy soit si loin de mes châteaux, car je serais fort aise de vous voir ; nous avons,

  1. Voyez tome XXXVIII, page 170.
  2. L’Incrédulité combattue par le bon sens ; Essai philosophique par un roi, 1760, in-12, et qui fait partie des Œuvres du philosophe bienfaisant (Stanislas), 1763, quatre volumes in-8o et in-12, était regardé, par Voltaire, comme un ouvrage de la façon du Père de Menoux (voyez lettre 4238).