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sophes. L’Académie est indignée contre Lefranc de Pompignan ; elle lui donnera avec plaisir ce soufflet à tour de bras. Je ferai un feu de joie lorsque Diderot sera nommé, et je l’allumerai avec le réquisitoire de Joly de Fleury, et le déclamatoire de Lefranc de Pompignan, Ah ! qu’il serait doux de recevoir à la fois Diderot et Helvétius ! Mais notre siècle n’est pas digne d’un si grand coup. Bonsoir, âme ferme que j’aime.

J’ai, depuis six mois, une envie de rire qui ne me quitte point. Ne pourrais-je avoir quelques anecdotes sur Gauchat, Moreau[1], Chaumeix, Hayer, Trublet, et leurs complices ?


4179. — À MADAME D’ÉPINAI.
9 juillet.

Ma belle philosophe, les plaisanteries ne finiront point. Les Comédiens Italiens voulaient jouer l’Écossaise[2] ; les Français la revendiquent, et voilà la Requête du traducteur à Messieurs les Parisiens. Mais, raillerie à part, il faut que le prophète négociateur négocie l’admission de Diderot à l’Académie. Je crois le succès assuré. Quelle belle vengeance de Lefranc de Pompignan et de Joly de Fleury, et de Palissot de Montenoi, et de maître Aliboron, dit Fréron ! J’ai besoin de savoir si le prophète a reçu mon paquet adressé au Palais-Royal[3].

N. B. qu’il faut absolument mettre Diderot de l’Académie. Je viendrai en poste lui donner ma voix, si cela est nécessaire. Je me mets à vos pieds, ma belle philosophe.


4180. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
11 juillet.

Mon divin ange, mettez Diderot de l’Académie ; c’est le plus beau coup que l’on puisse faire dans la partie que la raison joue contre le fanatisme et la sottise. Je vous promets de venir donner ma voix. Je vous embrasserai, et je repartirai pour ma douce retraite après avoir signalé mon zèle en faveur de la bonne cause. J’ai les passions vives. Je me meurs d’envie de vous revoir, et je ne peux trouver un plus beau prétexte que celui de venir donner ma voix à Socrate, et des soufflets à Anitus.

  1. J.-N. Moreau, l’auteur des Cacouacs.
  2. Voyez tome V, page 403.
  3. Grimm, comme secrétaire des commandements du duc d’Orléans, y avait un appartement.