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3778. — À M.  DE BRENLES.
Aux Délices, 12 février.

Votre zèle pour vos amis, monsieur, pour l’honnêteté publique, et pour le maintien du bon ordre, triomphera sans doute de l’aveuglement et de la méprise de ceux qui veulent protéger un voleur qui imprime des libelles. Les magistrats de Genève agissent de leur côté ; il est à croire que ceux de Lausanne, et l’Académie, ne souffriront pas que leur ville soit déshonorée par un infâme et par des infamies. Je mande à peu près les mêmes choses à M.  de Seigneux[1] confrère dans l’Académie de Marseille, et j’ajoute que je suis un peu plus utile à la ville de Lausanne que Grasset ; que j’y faisais plus de dépense que quatre Anglais ; qu’un notaire de Lausanne avait rédigé mon testament, par lequel je faisais des legs à l’école de charité, à la bibliothèque, à plusieurs personnes, et que la petite rage du bel esprit et de la typographie ne doit pas faire sacrifier la probité et les bienséances.

Les seules annotations que j’ai faites sur le libelle de Grasset, et que j’envoie à l’Académie, suffisent pour faire sentir quelle est l’insolence du libelle. Je vous prie, mon cher ami, de présenter mes tendres et respectueux remerciements à monsieur le bailli de Lausanne. Il me paraît que vous avez à présent dans votre ville un fou et un fripon à juger.

Je vous embrasse tendrement ; mille respects à Mme  de Brenles, et triomphez des sots ; il y en a plus que de fous. V.


3779. — À M.  LE BARON DE HALLER[2].
À Tournay, 13 février.

Voici, monsieur, un petit certificat[3] qui peut servir à faire connaître ce Grasset pour lequel on réclame très-instamment votre protection. Ce malheureux a fait imprimer à Lausanne un libelle abominable contre les mœurs, contre la religion, contre la paix des particuliers, contre le bon ordre. Il est digne d’un

  1. De Seigneux de Correvon, mort en 1776.
  2. Voyez tome XXXIX, page 410.
  3. Ce certificat est rapporté tome XXIV, page 86, note 3.