doivent, à la longue, écraser leurs adversaires, et éclairer leurs contemporains.
Je pourrais me plaindre du Discours de M. Lefranc à l’Académie ; il m’a désigné injurieusement. Il ne fallait pas outrager un vieillard retiré du monde, surtout dans l’opinion où il était que ma retraite était forcée ; c’était, en ce cas, insulter au malheur, et cela est bien lâche. Je ne sais comment l’Académie a souffert qu’une harangue de réception fût une satire.
Il est triste que les gens de lettres soient désunis : c’est diviser des rayons de lumière pour qu’ils aient moins de force. Un homme de cour s’avisa d’imaginer que je vous avais refusé ma voix à l’Académie ; cette calomnie jeta du froid entre nous, mais n’a jamais affaibli mon estime pour vous. Jugez de cette estime par le compte exact que je vous rends de mon procédé ; il est franc, et vous me rendrez justice avec la même franchise.
Ma cousine Vadé me mande qu’elle a recouvré cet ouvrage moral[1] depuis trois mois, et que notre cousin Vadé étant mort au commencement de 1758, il ne pouvait parler de ce qui se passe en 1760 ; mais il en parlera par voie de prosopopèe.
Je n’ai point vu le Mémoire de Pompignan. Thieriot m’abandonne, tirez-lui les oreilles.
Mons Palissot dit que je l’approuve ! Qu’on aille chez M. d’Argental, il montrera ma lettre à lui adressée, en réponse de la comédie d’Aristophane, reliée en maroquin du Levant. Je ne puis publier cette lettre sans la permission de M. d’Argental ; elle est naïve. Je pleure sur l’abbé Morellet et sur Jérusalem. Ô mon aimable, et gai, et ferme, et profond philosophe ! il faut f… les dames et les respecter. Je ne dis pas qu’il faille f… Mme du Deffant ; mais sachez qu’elle ne m’envoya jamais la lettre dont vous vous plaignez. Elle fit apparemment ses réflexions, ou peut-être vous lui lâchâtes quelque mot qui la fit rentrer en elle-même,
N’aurons-nous point l’histoire de la persécution contre les philosophes, un résumé des âneries de maître Joly, un détail des efforts de la cabale, un catalogue des calomnies, le tout
- ↑ Le Pauvre Diable. — La lettre à maître Abraham Chaumeix, qui précède cette satire, est signée Catherine Vadé.