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ferme et piquant, où tous les tours de mauvaise foi des ennemis fussent relevés. Qui le peut mieux que M.  d’Alembert ? Mais ce pauvre Robin[1], ce pauvre Robin-mouton ! Pour Dieu, envoyez-moi la Vision.


4146. — À M.  DE R***[2].
9 juin.

Vous êtes trop bon, monsieur ; mais ne soyez point surpris qu’on oublie un paquet quand on est partagé entre le bonheur de vous avoir vu et le chagrin de se séparer de vous. Recevez les regrets et les respects de ce pauvre malade.


4147. — À M.  D’ALEMBERT.
10 juin.

Mon cher philosophe et mon maître, les Si, les Pourquoi, sont bien vigoureux ; les Remarques sur la Prière du Déiste[3], fines et justes ; cela restera. On pourrait y joindre les Que, les Oui, les Non, parce qu’ils sont plaisants et qu’il faut rire. On a oublié le cadavre sur lequel on vient de faire toutes ces expériences, et les expériences subsisteront.

La Vision[4] est bien ; mais c’est un grand malheur et une grande imprudence d’avoir mêlé dans cette plaisanterie Mme  la princesse de Robecq. J’en suis désespéré ; ce trait a révolté. Il n’est pas permis d’insulter à une mourante, et le duc de Choiseul doit être irrité. On ne pouvait faire une faute plus dangereuse ; j’en crains les suites pour la bonne cause. On a mis en prison Robin-mouton du Palais-Royal ; cela peut aller loin. Cette seule pierre d’achoppement peut renverser tout l’édifice des fidèles.

Palissot m’a écrit en m’envoyant sa pièce. J’ai prié M.  d’Argental de vouloir bien lui faire passer ma réponse, et d’en faire tirer copie, ne varietur. Je lui dis dans cette réponse que je regarde les encyclopédistes comme mes maîtres, etc. Sa lettre porte qu’il n’a fait sa comédie que pour venger Mme  de Robecq et de La Marck d’un libelle insolent de Diderot contre elles, libelle avoué par Diderot. Je lui dis que je n’en crois rien ; je lui dis qu’on doit éclaircir cette calomnie ; et voilà que dans la Vision on insulte Mme  la princesse de Robecq ; cela est désespérant. Je ne peux

  1. Libraire ; voyez la note 1 de la page 412.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Voyez la note, tome XXIV, page 112.
  4. Voyez la note 1 de la page 412.