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rose. On a recours à des amis dans le besoin. Je vous prie, mon ancien ami, de ne me pas oublier. Je vous dois plusieurs livres ; quand il vous plaira, nous compterons.

Au reste, je ne sais pas pourquoi on me fourre dans toutes ces querelles, moi laboureur, moi berger, moi rat retiré du monde, dans un fromage de Suisse. Je me contente de ricaner, sans me mêler de rien. Il est vrai que je ricane beaucoup : cela fait du bien, et soutient son homme dans la vieillesse.

La pièce contre les philosophes n’a pu me faire rire. Peut-être cela est-il fort drôle au théâtre ; mais, à la lecture, on bâille. La première loi, quand on fait une comédie, c’est d’être comique : sans gaieté point de salut.

Si vous aviez quelque libraire à favoriser, un plaisant qui voyage m’a laissé un manuscrit que je pourrais vous faire tenir. Ce manuscrit est d’une douzaine de pages ; mais le plaisant demande le secret, et moi, je vous demande continuation d’amitié.

Que ne faites-vous comme Marmontel, qui vient nous voir ? V.

Qui sont les monstres qui disent que j’ai part aux Que ? Ah ! les coquins !

À qui faut-il adresser vos paquets, pour que vous les ayez plus tôt ?


4139. — DE M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1].

Vous me parlez, monsieur, fort au long, dans la lettre dont vous m’honorez, d’assignations, de procès, et de contestations sérieuses, toutes choses à quoi je ne songe nullement, ni à rien qui puisse troubler la bonne intelligence qui est entre nous, et qui, à ce que j’espère, y subsistera toujours. On vous a fait indiquer en la forme ordinaire un jour où il sera procédé à l’état et reconnaissance des bois, afin que vous y fassiez trouver quelqu’un de votre part. Il faut bien, pour notre sûreté réciproque, et autant pour vous que pour moi, dresser cet état. C’est une chose qui se fait toujours en cas pareil à celui où nous sommes par la remise de 1758. Il en a été question dès l’an passé, et, si vous avez la bonté de jeter les yeux sur nos lettres d’alors, vous verrez que je vous en ai détaillé les raisons, et que cette précaution d’usage n’est pas moins nécessaire à votre égard qu’au mien. Il ne s’agit nullement de procès. Assurément je me flatte que nous n’en aurons jamais, vous et moi. Mais je crois que vous n’avez pas moins à cœur d’éviter qu’il n’y en ait jamais entre nos deux familles. Aujourd’hui, nous savons fort bien tous deux l’état des choses ; mais il n’en sera pas de même de l’avenir, à moins qu’il n’y ait à présent un mémoire par écrit et en forme,

  1. Éditeur, Th. Foisset. — Fin de mai 1760. Réponse à une lettre de Voltaire, du 9 mai, qui ne s’est pas retrouvée.