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dit de Robbé ; en ce cas Robbé est un sage, car il rit. La guerre des auteurs est celle des rats et des grenouilles ; cela ne fait de mal à personne. Jansénistes, molinistes, convulsionnaires ; Jean-Jacques voulant qu’on mange du gland ; Palissot monté sur Jean-Jacques allant à quatre pattes ; maître Joly de Fleury braillant des absurdités, les chambres assemblées : tout cela empêche qu’on ne soit trop occupé des désastres de nos armées, et de nos flottes, et de nos finances. Il faut vivre en riant et mourir en riant ; voilà mon avis, et la façon dont j’en use. Les Délices rient et vous embrassent.

N. B. On me reproche d’être comte de Ferney[1] ; que ces jean-f…-là viennent donc dans la terre de Ferney, je les mettrai au pilori. N’allez pas vous aviser de m’écrire à monsieur le comte, comme fait Luc[2] ; mais écrivez à Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi, titre dont je fais cas, titre que le roi m’a conservé avec les fonctions : car, pardieu ! ce qu’on ne sait pas, c’est que le roi a de la bonté pour moi, c’est que je suis très-bien auprès de Mme  de Pompadour et de M.  le duc de Choiseul, et que je ne crains rien, et que je me f… de … et de … et de …, ainsi que de Chaumeix, et que je leur donnerai sur les oreilles dans l’occasion. Pourtant brûlez ma lettre, et gardez le secret à qui vous aime.


4132. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 25 mai.

Je n’aime point, mon divin ange, que Mme  Scaliger soit toujours malade : cela nuit beaucoup à la douceur de ma vie.

Vous êtes un homme bien hardi de vouloir faire jouer la Mort de Socrate ; vous êtes un anti-Anitus. Mais que dira maître Anitus-Joly de Fleury ? Ce Socrate est un peu fortifié depuis longtemps par de nouvelles scènes, par des additions dans le dialogue. Toutes ces additions ne tendent qu’à rendre les persécuteurs plus ridicules et plus exécrables ; mais aussi elles ne contribueront pas à les désarmer. Les Fleury feront ce qu’ils firent à Mahomet, et ce pantalon de Rezzonico ne fera pas pour moi ce que fit ce

    Mélanges, à l’année 1760, ou quelques-unes de celles en vers (les monosyllabes) qui sont dans les Poésies mêlées, à la même année.


    Robbé, à qui il voulait les attribuer, était un poète connu par ses débauches, par un poëme du sujet duquel il était plein, et, plus tard, par sa dévotion. Né à Vendôme en 1714, il est mort en 1792. (B.)

  1. Voyez les signatures des lettres 4028 et 4029.
  2. Voyez ci-dessus, la lettre 4112.