On prétend que les Chinois et les Indous disent à Dieu en mourant : « Tu n’as rien à me reprocher : j’ai fait des enfants, bâti des maisons, et planté des arbres. » Je ne sais pas bien exactement, monsieur, si j’ai rempli le premier devoir ; mais je me vois au moins deux tiers d’indou et de Chinois : je plante et je bâtis. Je fais plus, je laboure, et je crois que l’invention du semoir est très-utile à l’État. Mais, en mettant beaucoup de deniers dans ces opérations, je ne pense pas que je doive le centième denier exigé par M. Girard[1]. Je crois que M. Girard n’est ni un homme de génie, ni un homme de bonne compagnie. C’est ce qui fait, monsieur, que je m’adresse à vous de préférence à lui. Je vous crois d’ailleurs beaucoup plus juste qu’un Girard. Je n’ai pas l’honneur de vous écrire de ma main, et vous pardonnerez cette insolence à un vieux malade ; mais tant que les facultés de sentir et de penser me resteront, je vous serai toujours attaché avec le plus tendre respect.
Je vous remercie bien tendrement, mon cher ami, de tous vos soins obligeants. Premièrement, le fripon dont vous me parlez est très-connu à Genève, d’où il a été chassé. Il avait volé les Cramer, et son procès criminel existe encore.
À l’égard de MM. les curateurs de l’Académie de Lausanne, je ne sais si je dois leur écrire, m’étant déjà adressé à M. de Freudenreich, et craignant de paraître douter de ses bontés et de son crédit. M. de Freudenreich a eu la bonté d’écrire à M. le bailli de Lausanne ; je vous serai bien obligé de me mander s’il y a quelque chose de nouveau à faire.
Je vous embrasse de tout mon cœur, et vous supplie de dire à M. et à Mme de Freudenreich qu’il n’y a personne sur la terre qui leur soit plus attaché que moi. V.
Tout est découvert et constaté, mon cher ami, aussi bien que le fameux vol de Genève. C’est un nommé Lervèche, ci-devant
- ↑ Directeur du domaine.