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On prétend que les Chinois et les Indous disent à Dieu en mourant : « Tu n’as rien à me reprocher : j’ai fait des enfants, bâti des maisons, et planté des arbres. » Je ne sais pas bien exactement, monsieur, si j’ai rempli le premier devoir ; mais je me vois au moins deux tiers d’indou et de Chinois : je plante et je bâtis. Je fais plus, je laboure, et je crois que l’invention du semoir est très-utile à l’État. Mais, en mettant beaucoup de deniers dans ces opérations, je ne pense pas que je doive le centième denier exigé par M.  Girard[1]. Je crois que M.  Girard n’est ni un homme de génie, ni un homme de bonne compagnie. C’est ce qui fait, monsieur, que je m’adresse à vous de préférence à lui. Je vous crois d’ailleurs beaucoup plus juste qu’un Girard. Je n’ai pas l’honneur de vous écrire de ma main, et vous pardonnerez cette insolence à un vieux malade ; mais tant que les facultés de sentir et de penser me resteront, je vous serai toujours attaché avec le plus tendre respect.


3768. — À M.  BERTRAND.
Aux Délices, 6 février.

Je vous remercie bien tendrement, mon cher ami, de tous vos soins obligeants. Premièrement, le fripon dont vous me parlez est très-connu à Genève, d’où il a été chassé. Il avait volé les Cramer, et son procès criminel existe encore.

À l’égard de MM.  les curateurs de l’Académie de Lausanne, je ne sais si je dois leur écrire, m’étant déjà adressé à M.  de Freudenreich, et craignant de paraître douter de ses bontés et de son crédit. M.  de Freudenreich a eu la bonté d’écrire à M.  le bailli de Lausanne ; je vous serai bien obligé de me mander s’il y a quelque chose de nouveau à faire.

Je vous embrasse de tout mon cœur, et vous supplie de dire à M.  et à Mme  de Freudenreich qu’il n’y a personne sur la terre qui leur soit plus attaché que moi. V.


3769. — À M.  DE BRENLES.
Aux Délices, 7 février.
(secreto.)

Tout est découvert et constaté, mon cher ami, aussi bien que le fameux vol de Genève. C’est un nommé Lervèche, ci-devant

  1. Directeur du domaine.