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hommes, de leur dire, de leur écrire des choses piquantes ; plaisir indigne de tous, d’autant plus que vous êtes plus élevé au-dessus d’eux par votre rang et par vos talents uniques. Vous sentez sans doute ces vérités.

Pardonnez à ces vérités que vous dit un vieillard qui a peu de temps à vivre ; et il vous les dit avec d’autant plus de confiance que, convaincu lui-même de ses misères et de ses faiblesses, infiniment plus grandes que les vôtres, mais moins dangereuses par son obscurité, il ne peut être soupçonné par vous de se croire exempt de torts, pour se mettre en droit de se plaindre de quelques-uns des vôtres. Il gémit des fautes que vous pouvez avoir faites autant que des siennes, et il ne veut plus songer qu’à réparer, avant sa mort, les écarts funestes d’une imagination trompeuse, en faisant des vœux sincères pour qu’un aussi grand homme que vous soit aussi heureux et aussi grand en tout qu’il doit l’être.


4100. — À M. COLINI,
à manheim.
Au château de Tournay, 21 avril.

Sono stato sul punto di fare come il povero Pierron[1]. On m’a dit mort ; cela n’est pas entièrement vrai. Je compte, mon cher Colini, que vous deviendrez nécessaire à Son Altesse électorale. Plus vous l’approcherez, plus elle vous goûtera. Je vous adresse ma lettre pour lui. Je suis encore bien mal ; si mes forces reviennent, j’irai à Schwetzingen. Je ne veux pas mourir sans avoir encore vu le plus aimable et le meilleur des souverains. Il y a un Français, nommé M. de Caux[2], qui a écrit à Manheim à ma nièce. Je porterai, si je peux, la réponse. Je vous embrasse.


4101. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, près Genève, 22 avril.

Monsieur, la personne qui est allée à Francfort-sur-le-Mein, et qui s’est chargée de s’informer de l’aventure du paquet du mois de septembre ou octobre dernier, me mande qu’on attend

  1. Voltaire venait d’apprendre, par Colini, la mort récente de Pierron.
  2. Caux de Cappeval publiait alors, à Manheim, de concert avec l’abbé Règlei et Portelance, la fin de son Journal des journaux, commencé en janvier 1760. Quand il mit au jour (vers juin 1772) sa traduction de la Henriade, en vers latins, il demeurait encore à Manheim, où il est mort, selon Colini. (Cl.)