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4070. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Manheim, ce 12 mars.

Dès que j’ai reçu, monsieur, votre lettre[1] du 9 du mois passé, j’ai tâché de me procurer les Œuvres de poésie du philosophe de Sans-Souci, que j’ai lues avec un grand plaisir. La première épître à son frère, la suivante à Hermotime, la dixième au général Bredow, et la dix-neuvième à Darget, sont celles qui m’ont le plus frappé. L’Art de la Guerre est un poëme unique et de toute beauté. Ce grand auteur est bien digne d’en donner des leçons.

Vous vous souviendrez, monsieur, que je n’ai aucun goût pour les odes, et que je m’y entends encore moins qu’aux autres pièces de poésie. J’ai trouvé dans la sixième épître, au comte de Gotter, les descriptions de plusieurs arts et métiers admirables, entre autres celle sur le pain, qui commence ainsi :


Voyez ces laboureurs, dès l’aube vigilants,
Qui guident la charrue et cultivent les champs.


Je crois avoir reconnu le petit Suisse en plusieurs endroits, entre nous soit dit. Faites-moi le plaisir de me mander si j’ai rencontré votre goût en quelque chose dans les articles que je vous ai cités. Je suis toujours charmé de profiter de vos lumières ; j’espère d’en profiter davantage cet été à Schwetzingen ; vous me le faites espérer. Vous devez être persuadé du plaisir que j’aurai de revoir le petit Suisse.


Charles-Théodore, électeur.

4071. — À M.  BERTRAND.
Au château de Tournay, 14 mars.

Le planteur de choux et le semeur de grains n’a pas oublié, monsieur, d’envoyer en son temps votre lettre à M.  de La Tourrette[2]. Vous me parlez de fossiles et de curiosités naturelles ; si je pouvais trouver quelque chose de rare pour le cabinet de monseigneur l’électeur palatin, vous me feriez grand plaisir de me l’indiquer. Je me souviens d’avoir vu à Berne du sable d’une petite rivière qui donne dans l’Aar ; ce sable, vu au microscope, est un amas de pierres précieuses ; n’y aurait-il point encore

  1. Cette lettre manque.
  2. Claret de La Tourrette, naturaliste, né à Lyon en 1729 ; l’un des membres de l’académie de cette ville, et de la Société économique de Berne. Voltaire était en correspondance avec lui depuis la fin dé 1754. (Cl.)