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de justice étendue jusqu’à la Perrière ; sur quoi donc me fait-on accroire que j’ai le beau droit de payer les sottises qu’on fait en cette partie du monde, et les noix qu’on y vole ? Sur un bruit vague, lequel, jusqu’ici, n’a pas le plus léger fondement.

Si vous le pouvez, monsieur, transeat a me calix iste ! Cependant que votre volonté soit faite. J’ai écrit au procureur que vous avez eu la bonté, monsieur, de m’indiquer ; je crois mes raisons bonnes, et crois avec cela que je perdrai ma cause si vous ne prenez mon parti. Or je maintiens qu’un brave antifétichier comme vous doit prendre le parti d’un petit antifétichier comme moi ; je trouve que les antifétichiers devraient être unis, comme l’étaient autrefois les initiés ; mais ils se mangent les uns les autres, témoin l’antifétichier de Berlin qui m’a joué d’un tour.

Je crois avoir eu l’honneur de vous mander que j’avais écrit à monseigneur le comte de La Marche, et que je l’ai supplié de fixer une somme modique et honnête pour les lods et ventes de Tournay, afin que je n’eusse pas à essuyer les très-désagréables discussions que j’essuie encore pour les lods et ventes de Ferney.

Vous m’avez promis encore, monsieur, que vous auriez la bonté de me faire part des aveux et dénombrement, et de l’érection de la terre.


Hoc erat in votis : modus agri non ita magnus, etc.


Le modus agri devient magnus, mais le revenu est parvus.

Le 3e vingtième est donc arrangé ? Il faut bien se ruiner pour se défendre, puisque les Anglais se ruinent pour nous écraser. Je crois que monsieur l’intendant de Bourgogne aura bien de la peine avec les fermiers généraux, et peut-être l’unique parti qui restera pour ce pauvre pays de Gex sera de donner de l’argent comptant au roi, et de contraindre les fermiers généraux à déguerpir. Mille respects. V.


4068. — À M.  LE COMTE DE LA TOURAILLE[1].
Aux Délices, 10 mars.

Il paraît, monsieur, par votre lettre et par vos vers, que vous êtes bien digne d’être auprès d’un prince qui nous fait espérer de revoir bientôt le grand Condé. Il en a l’esprit et la valeur.

  1. Christophe, comte de La Touraille, écuyer du prince de Condé, était né en Bretagne, à Augan, près Ploermel. Il a laissé quelques ouvrages. Il est mort après 1790.