nité par an qu’elle payerait à nos seigneurs. Il y aurait encore beaucoup à gagner pour la province et pour la compagnie. Si monsieur l’intendant prend à cœur cette affaire, elle se fera ; mais, si elle n’est pas conclue à Pâques, je ne m’en mêle plus.
Vous avez donc lu le roi de Prusse ? S’il s’en était tenu à tenir la balance de l’Allemagne, s’il n’eût point crocheté les coffres de la reine de Pologne, s’il n’eût point pillé tant de vers et tant de villes, vous lui pardonneriez de penser comme Lucrèce, Cicéron et César. C’est à nos faquins de molinistes et de jansénistes qu’il ne faut pas pardonner.
J’aurai l’honneur de vous envoyer incessamment le résultat des sentiments de notre petite compagnie.
Je vous présente mes respects.
Je remercie à deux genoux la philosophe[1] qui met son doigt sur son menton, et qui a un petit air penché que lui a fait Liotard[2] ; son âme est aussi belle que ses yeux. Elle a donc la bonté de s’intéresser à notre malheureuse petite province de Gex ; elle réussira si elle l’a entrepris ; puisse-t-elle revenir avec M. Linant et le Prophète de Bohême !
J’écris, monsieur, à M. d’Argental, en faveur de Mlle Martin, ou Lemoine, ou tout ce qu’il lui plaira ; quelque nom qu’elle ait, je m’intéresse à elle. J’ai entendu parler de deux nouveaux volumes du roi de Prusse, imprimés depuis peu à Paris ; il fait autant de vers qu’il a de soldats. La police a défendu ses vers, on dit même qu’on les brûlera : cela paraît plus aisé que de le battre.
Je suis médiocrement curieux de l’éloquente Oraison[3] de M. Poucet de La Rivière[4] mais je voudrais avoir le Spartacus de M. Saurin ; c’est un homme de beaucoup d’esprit, et qui n’est pas à son aise. Je souhaite passionnément qu’il réussisse.
Vous me parlez de terribles impôts ; puissent-ils servir à battre les Anglais et les Prussiens ! Mais j’ai peur que nous n’en soyons pour notre argent.