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le Père Sacy[1], jésuite, ait été condamné par corps aux consuls, pour une lettre de change de dix mille écus. Mais parlez-moi donc des Poëshies de cet homme qui a pillé tant de vers et de villes. Est-il vrai qu’on ait défendu son œuvre[2] ? Allons, maître Joly, bavardez ; messieurs, brûlez.


Ma foi, juge et rimeu, il faudrait tout lier.

(Racine, les Plaideurs, acte I, scène viii.)

Que je vous aime, mon cher ange !


4049. — À M.  LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[3].
Aux Délices, 15 février.

Signor mio stimatissimo, cui gratia, fama, valetudo contingit abunde, non ho ancora mangiato delle vostre portentose mortadelle. Il mio stomacho non e degno di tanta gloria. Ma incomincio a riavermi un poco, benchè la stagione sia molto cattiva.

Salammaleca al nostro valente Paradisi[4], che è divenuto un buon musulmano. Tutto era apparecchiato a Ferney pei’ nostri trastulli istrionici ; ma un barbaro vento del Nord, e la neve, ed il freddo ci incarcerano ancora aux Délices. Un clima caldo potrebbe sanarmi ; ed io stolido, ho scelto la parte settentrionale delle Alpi ! Ô sciagura ! Ô felice Malagrida, che foste abbrucciato ! non avete sofferto del freddo come io.

Aspetto il caro Goldoni. Amo la sua persona, quando io leggo le sue commedie. Egli è veramente un buon uomo, un buon carattere, tutto natura, tutto verità.

Vi riverisco, mio signore, vi amo, vorrei dire io di bocca.


Il riffreddato V.[5]
  1. Voyez tome XVI, pages 100 et suiv.
  2. L’Épître au maréchal Keith, imitation du livre III de Lucrèce, sur les vaines terreurs de la mort et les frayeurs d’une autre vie (voyez lettres 4105 et 4136), avait beaucoup scandalisé.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.
  4. Paradisi avait traduit Mahomet. Il a fait aussi la traduction de la Mort de César et de Tancrède. (A. F.)
  5. Traduction : Très-estimable monsieur, cui gratia, etc. Je n’ai pas encore mangé de vos monstrueuses mortadelles. Mon estomac n’est pas digne de tant de gloire. Mais je commence à reprendre possession du moi-même, quoique la saison soit encore mauvaise. Salamalec à notre vaillant Paradisi, qui est devenu un bon musulman. Tout était préparé à Ferney pour nos amusements histrioniques, mais un barbare vent du nord, et la neige et le froid, nous emprisonnent encore aux