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4037. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
Aux Délices, 27 janvier.

Direte che io sono un uomo poco vivente, e neghittoso e pigro, un che manca alla sua promessa ; un traditore, che a ricevuto una bella tragedia italiana, se ne gode, e non manda la sua ; un temerario, che voleva inviarvi il lord Bolingbroke’s and lord Shaftesbury’s works and such damn’d stuff. Ma, signore, la verità è che non sono contento della mia tragedia. Voglio incudi reddere versus, e ripulire il mio dramma svizzero, degno si del mio svizzero teatro, ma indegno del vostro.

Noi poveri Francesi siamo sottoposti al giogo dolla rima, come voi a quello della…[2]. Vivano i versi sciolti et gl’ingegni sciolti ! E più facile comporre cento versi sciolti in ilaliano che quattro rime francesi.

Intanto la riverisco di core. Credo che Bologna la Grassa sia molto più graziosa adesso, più dotta, più ripiena di buon gusto che mai, sotto i vostri auspici. Veramente s’io fossi un Odoacro, un Teodorico, un Albuino, vorrei vedere cotesta bella Italia ; ma il viaggio ad terram sanctam non conviene ad un Francese libero, il quale ha scritto alcune volte colla libertà inglese[3].

Soyez persuadé, monsieur, de toute la respectueuse estime qu’aura pour vous, toute sa vie, votre très-humble et obéissant serviteur.

V., ermite des Délices.
  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Ces points existent ainsi sur l’original. (A. F.)
  3. Traduction : Vous direz que je suis un homme sans énergie, négligent et paresseux ; un homme infidèle à sa promesse ; un traître qui a reçu une belle tragédie italienne, qui s’en est récréé, et qui n’envoie pas la sienne en retour ; un téméraire qui voulait vous envoyer les œuvres de lord Bolingbroke et de lord Shaftesbury, et tels autres ouvrages maudits. Mais, monsieur, la vérité est que je ne suis pas content de ma tragédie ; je veux « remettre les vers sur l’enclume », et repolir mon drame suisse, digne de mon théâtre suisse, mais indigne du vôtre.

    Nous autres pauvres Français, nous sommes soumis au joug de la rime, comme vous à celui de la… Vivent les vers libres et les esprits libres ! Il est plus facile de composer cent vers libres en italien que quatre vers rimés en français.

    Sur ce, je vous révère de cœur. Je crois que Bologne la Grasse est maintenant, sous vos auspices, plus aimable, plus savante, plus remplie de bon goût que jamais. Vraiment, si j’étais un Odoacre, un Théodoric, un Alboin, je voudrais voir cette belle Italie ; mais un voyage « à la terre sainte » ne convient pas à un Français libre qui a écrit quelquefois avec la liberté anglaise.