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4028. — À M.  COLINI.
À Tournay, par Genève, 21 janvier.

Mon cher secrétaire intime de Son Altesse électorale, je connais votre bon cœur à la manière tendre et pathétique dont vous me parlez de M.  Pierron, et surtout à votre attachement pour le meilleur prince qu’il y ait sur la terre. Vous voilà heureux, puisque vous êtes auprès de lui. J’espère, tout malingre que je suis, partager votre bonheur cet été. Vous me ferez grand plaisir de m’écrire quelquefois quand… Je vous embrasse de tout mon cœur.


V., comte de Tournay[1].

4029. — À M.  PIERRON.
À Tournay, par Genève, 21 janvier.

Le froid me tue, les neiges me désespèrent, mon cher monsieur ; mais je ne puis m’empêcher de dicter ce petit billet de malade pour vous remercier tendrement de tout ce que vous avez fait pour mon cher Colini. Comptez que vous l’avez fait pour vous-même. Vous vous êtes acquis un ami reconnaissant ; il vous est attaché pour la vie : il ne me parle dans ses lettres que des obligations qu’il vous a.

Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de Son Altesse électorale, et réservez à Schwetzingen une chambre à cheminée pour un pauvre malingre qui fait du feu à la Saint-Jean. J’ose croire que mon cœur est fait pour le sien ; mais mon corps est bien loin. Je respecterai et j’adorerai ce prince jusqu’au dernier moment de ma vie.


Voltaire, comte de Tournay.

4030. — À M.  BERTRAND.
22 janvier.

Mon cher ami, j’aurais été bien étonné si Leurs Excellences, qui pensent si noblement, et qui ont tant de sagesse, s’étaient

  1. Voici ce que dit Colini, dans ses Mémoires, au sujet de cette signature : « Voltaire signa quelque temps de la sorte, après avoir acquis la terre de Tournay. Ses ennemis ne virent pas que c’était une plaisanterie, et accusèrent ce grand homme d’une vanité ridicule. Il avait pris ce titre de comte comme il prit ensuite celui de frère Voltaire, capucin indigne, lorsque les capucins du pays de Gex l’eurent nommé (1770) leur père temporel. »