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lieutenant général des armées, que son humeur trop vive et l’ineptie de M.  de Chamillart obligèrent d’aller servir l’empereur. J’ai engagé son fils, qui est un homme de probité et de mérite, à retourner en France. La religion protestante qu’il professe en Suisse, où il a quelques possessions encore, ne mettra aucun obstacle à son retour. Votre École militaire est la vraie place de ses enfants. Une pension pour eux, sur les économats, paraîtra très-bien appliquée ; un grade de maréchal de camp pour le père n’est qu’un parchemin. D’ailleurs M.  le marquis de Gentil Langallerie, âgé de quarante-huit ans, peut rendre service, parlant l’allemand comme le français, et connaissant tous les buissons des pays où l’on fait la guerre.

J’ose confier cette négociation à votre générosité et à votre discrétion. Si vous entreprenez l’affaire, elle réussira. Voulez-vous en parler à Mme  de Pompadour ? Je crois servir l’État en servant M.  le marquis de Gentil, quoique le roi ne manque pas de braves officiers. J’ai cru, dans cette affaire, ne devoir m’ouvrir qu’à vous, le marquis de Gentil ayant de grands ménagements à garder en Suisse, où il a encore une partie de sa fortune.

Daignez me dire naturellement ce que vous pouvez et ce que vous voulez faire,

Auriez-vous cru que le roi de Prusse tînt si longtemps contre les trois quarts de l’Europe ? Avez-vous rien vu de moins vraisemblable que ce qui se passe depuis trois ans ?

Adieu, monsieur, conservez toujours un peu d’amitié pour le plus ancien peut-être de vos admirateurs, pour votre très-attaché, très-humble et très-obéissant serviteur.


4022. — À M.  PRAULT FILS[1].
7 janvier.

J’ai toujours eu, monsieur, beaucoup d’estime pour toute votre famille, et je vois que vous n’avez pas dégénéré. C’est un grand chagrin pour moi, dans la retraite où j’achève ma vie, de ne pouvoir être aussi utile que je le voudrais à un jeune homme de votre mérite. S’il se présente quelque occasion de vous marquer l’envie extrême que j’ai de vous être utile à quelque chose, je ne la laisserai pas échapper, et peut-être cette année vous en serez convaincu.

Je me flatte que votre recueil D. contient des pièces plus in-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.