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bœufs et de mes blés que je n’aie pas le temps de m’intéresser aux rois. Je vous assure que la vie pastorale est un beau contraste avec la vie horrible qu’on mène auprès d’eux, sans compter la mort ou la pauvreté qu’on va chercher pour eux. La France a perdu cent mille hommes depuis trois ans ; et à présent elle n’a pas plus de vaisseaux que de vaisselle. Notre or et notre sang inondent l’Allemagne. Quiconque avait des effets publics est ruiné. Il faut aimer ses moutons quand on en a ; mais, si j’avais un Silhouette pour berger, ils mourraient tous de la clavelée. Monsieur votre fils va-t-il encore se ruiner et hasarder sa vie ? Où est-il, madame ? Permettez que je l’assure de mon respectueux attachement, ainsi que votre bonne et fidèle amie. Si vous avez autant de neige que nous, il faudra que le carnage cesse cet hiver. Tâchez d’être heureuse pour vous dépiquer.

Je suis à vos pieds pour ma vie. V.


3997. — À M.  LE COMTE ALGAROTTI.
Aux Délices, décembre.

Quando mi capitò la vostra gentile epistola, stavo bene, e ne fui allegro tutto il giorno ; ma sono ricaduto, sto male, e sono pigro, attristato, malinconico, ho tralasciato un mese i miei armenti, e l’istoria, e la poesia, ed ancora voi stesso, cigno di Padova, che cantate adesso sulle sponde del piccol Reno, parvique Bononia Reni. Yi parlerô prima dell" opéra rappresentatanellacortedi Parma,


Che quanto per udita io ve ne parlo ;
Signor, mirasle, e feste altrui mirarla.


Il vostro Saggio sopra l’Opera[1] in musica fu il fondamento della riforma del regno dei castrati. Il legame delle feste e delle azione, a noi Francesi si caro, sarà forse un giorno 1’inviolabil legge dell’ opera italiana[2].

  1. Le chevalier de Chastellux a publié une traduction de cet Essai en 1773.
  2. Traduction : Quand je reçus votre gentille lettre, j’étais bien portant, et je lus allègre tout le jour. Mais je suis retombé malade, et redevenu paresseux, triste, mélancolique ; j’ai abandonné mes troupeaux, et l’histoire, et la poésie, et vous-même, cygne de Padoue, qui chantez maintenant sur les bords du petit Reno… Je vous parlerai d’abord de l’opéra représenté à la cour de Parme, quoique je n’en parle que d’après ce que j’en ai oui dire : vous l’avez admiré et l’avez fait admirer. Votre Essai sur l’Opéra a amené la réforme du règne des castrats. Le lien des fêtes et de l’action, si cher à nous autres Français, sera un jour l’inviolable loi de l’opéra italien.