Adieu ; négociez, travaillez, jouissez, écrivez en paix, et que le dieu des philosophes, en vous inspirant des sentiments plus doux, vous conserve comme le plus bel organe de la raison et de la vérité.
Grand merci de la tragédie de Socrate ; elle devrait confondre l’absurde fanatisme de vos évêques et de vos moines. Ces gens, ne pouvant exercer leur despotisme ambitieux sur des sujets de politique, s’acharnent sur les ouvrages que les apôtres du bon sens publient.
Les fronts tondus, mitrés, et couverts d’écarlate,
Liront en frémissant le drame de Socrate.
Je vois se soulever ces docteurs, ces cagots,
Des rayons du bon sens implacables rivaux.
Quand, pour vous dilater la rate,
En leur donnant un coup de patte,
Du peuple athénien vous empruntez le dos,
Ils le sentiront trop, ces malheureux bigots !
Voyez-vous leur cabale, accrue
Des Mélites de vos barreaux.
Déplorer qu’en ces temps nouveaux
La bonne mode s’est perdue
D’employer à leur gré le fer et la ciguë ?
Leur vengeance, restreinte à de moindres travaux,
Ne peut entasser des fagots
À l’honneur de la troupe élue ;
On les élève et l’on y frit
Un ennemi de Dieu pour le bien de son âme.
De joie en ce moment la Sorbonne se pâme.
Et, pour vous mieux servir, de fagots renchérit ;
Le feu prend, il s’élève un tourbillon de flamme
Qu’allume la main de l’infâme
Pour consumer ce bel esprit
Qui la persifle et nous éclaire ;
Mais au lieu de rôtir Voltaire,
Elle ne peut brûler que son malin écrit[2].
Je vous en fais mes condoléances ; cependant, tout bien examiné, il vaut infiniment mieux qu’on brûle l’ouvrage que l’auteur. Je ne sais sur quel fondement vous m’accusez de vous mordre ; c’en serait bien le temps ! environné comme je le suis d’ennemis, pressé partout ; l’un me pique, l’autre m’éclabousse ; gare qu’un troisième ne me renverse. Il est pardonnable, en cas pareil, d’avoir de l’humeur et l’esprit aigri. Je suis à présent