Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attaché par goût, par reconnaissance, et que l’intérêt ne déshonore point mes sentiments généreux.

Comment se porte madame Scaliger[1] ? Je suis à ses pieds, et bientôt je travaillerai sur ses commentaires. Adieu, divins anges ; je souhaite à votre nation tous les succès possibles dans le continent et dans les îles. À propos, parlez-vous italien ? Mille respects à tout ange.


3912. — À MADAME D’ÉPINAI.

Il faut absolument que j’aille voir ma philosophe. Tous les jours sont pour moi le jour de sa fête[2]. Je ne passe pas les miens en fêtes, avec ma détestable santé ; la vue de ma courageuse philosophe me ranimera.

J’ai reçu une lettre de M.  d’Épinai, mais je n’ai point répondu, afin de n’être pas soupçonné d’indiscrétion si on sait à Paris combien ma philosophe a eu de courage.


3913. — À M.  D’ALEMBERT.
Aux Délices, 25 août.

Connaissez-vous, mon cher philosophe, un Siméon La Vallette, ou Siméon Valette[3], ou Simon Valet, lequel fait des lignes courbes et de petits vers ? Il se renomme de vous ; mais j’ai perdu sa lettre. Je ne sais où le prendre ; où est-il ? et quel homme est-ce ?

Que dites-vous de Maupertuis, mort entre deux capucins ? Il était malade depuis longtemps d’une réplétion d’orgueil ; mais je ne le croyais ni hypocrite ni imbécile. Je ne vous conseille pas d’aller jamais remplir sa place à Berlin : vous vous en repentiriez. Je suis Astolphe qui avertit Roger de ne pas se fier à l’enchanteresse Alcine ; mais Roger ne le crut pas.

Votre livre[4] est charmant ; il fait mes délices, au point que je vous pardonne d’avoir vu des prêtres à Genève. Je mène tous ces faquins-là assez bon train. J’ai un château à la porte duquel il y a quatre jésuites ; ils m’ont abandonné frère Berthier ; je

  1. Madame d’Argental.
  2. La belle philosophe se nommait Louise.
  3. Qui inspira à Voltaire l’idée du Pauvre Diable ; voyez cette satire, tome X.
  4. L’article Genève de l’Encyclopédie et la Lettre (de d’Alembert) à M.  Rousseau, citoyen de Genève, en réponse à la sienne, font partie du tome II de l’édition de 1759 des Mélanges de littérature, etc.