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de lui, une réponse, un mot, deviennent, dans de telles circonstances, des choses importantes pour la postérité ; ses négociations, surtout, doivent être un des plus grands objets de son histoire.

Mais, monsieur, tous les princes ont négocié, tous ont assiégé des villes et donné des batailles, nul autre que Pierre le Grand n’a été le réformateur des mœurs, le créateur des arts, de la marine et du commerce. C’est par là surtout que la postérité l’envisagera avec admiration. Elle voudra être instruite en détail de tout ce qu’il a créé ; elle demandera compte du moindre chemin public, des canaux pour la jonction des rivières, des règlements de police et de commerce, de la réforme mise dans le clergé ; en un mot, de tous les objets sur lesquels il a étendu ses soins.

Il est même nécessaire que toutes ses grandes entreprises, depuis la Finlande jusqu’au fond de la Sibérie, soient présentées au public dans un jour si lumineux, et d’une manière si imposante, que les lecteurs ne puissent pas regretter ces anecdotes désagréables dont tant de livres sont remplis, et que la gloire du héros empêche de s’informer des faiblesses de l’homme.

J’ignore, monsieur, si c’est votre intention que l’Histoire de Pierre le Grand soit suivie d’un chapitre dans lequel je ferai voir, en raccourci, comment on a suivi en tout les vues de ce législateur ; avec quelle splendeur on a achevé ce qu’il avait commencé, et tout ce que votre nation a fait de grand, jusqu’au temps heureux de l’impératrice régnante. Je fais mille vœux pour la durée et le bonheur de son empire ; j’en fais d’aussi ardents pour votre personne. Le protecteur des arts doit m’être bien cher ; l’ouvrage dont vous m’avez chargé m’inspire de la reconnaissance ; toutes vos bontés me sont précieuses,


3885. — À M. PIERRE ROUSSEAU[1].
11 juillet 1759.

M. Desmal, monsieur, a reçu votre lettre ; il vous est très-obligé de votre souvenir, et quoique son frère ait été fâché contre je ne sais quel monsieur de V. qui lui a ravi insolemment l’honneur d’avoir mangé du jésuite et d’avoir voyagé avec M. Martin.

  1. Bibliothèque royale de Bruxelles, mst 11583. — Cette lettre nous a été communiquée par M. F. Brunetière, à qui nous sommes également redevables de la commuaication des lettres 3542, 3059, 3088, 3107, dans le tome XXXVIIIe et des lettres 3178, 3220 et 3286, dans le tome XXXIXe