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trième degré de latitude, comme le cap de Bonne-Espérance. Puisque vous avez, monsieur, la condescendance de vous prêter à mes fantaisies, j’attendrai vos bienfaits ; mais vous voudrez bien que je vous supplie de permettre que je paye les ceps et la peine de ceux qui les auront déplantés. Il est bien doux de s’occuper de ces amusements, tandis qu’on s’égorge sur terre et sur mer, que l’Allemagne s’épuise de sang, et la France d’argent.

Je présente mes respects à Mme  Le Bault, et j’ai l’honneur d’être avec les mêmes sentiments, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

3884. — À M.  JEAN SCHOUVALOW,
à pétersbourg.
Au château de Tournay, 10 juillet.

Monsieur, une grande fluxion sur les yeux me prive de l’honneur de vous écrire de ma main, et du plaisir de continuer, aussi rapidement que je le voudrais, l’Histoire de Piérre le Grand. Je l’ai poussée jusqu’à la bataille de Pultava. Le journal que Votre Excellence a eu la bonté de m’envoyer me sert à constater les dates, et à rapporter les événements avec exactitude.

J’espère toujours, monsieur, que, non-seulement vous aurez la bonté de me faire parvenir la suite de ce journal, mais que je recevrai de vous des lumières sur tout ce qui peut rendre ces événements plus intéressants pour le public, et plus glorieux pour le monarque.

Je vois bien, dans les mémoires qu’on m’a confiés, quel jour on a pris une ville ; je vois le nombre des morts, des prisonniers, dans une bataille ; mais je ne vois rien qui caractérise Pierre le Grand, Le lecteur désirera sans doute de savoir comment il traita les principaux officiers suédois prisonniers, après la bataille de Pultava ; comment la plupart des capitaines et des soldats furent transportés en Sibérie : comment ils y vécurent ; avec quelle générosité l’empereur renvoya le prince de Wurtemberg ; pourquoi le comte Piper fut détenu dans une prison rigoureuse ; comment on traita les généraux Renschild[1] et Lewenhaupt, et les autres ; quel fut réellement l’appareil du triomphe à Moscou. Un billet

  1. Ou Rehnsköld.