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J’attends l’encyclopède d’Alembert, avec son imagination et sa philosophie. Je voudrais bien que vous en fissiez autant, mais vous en êtes incapable.

Est-il vrai que Plutus-Apollon-Popelinière a doublé la pension de madame son épouse[1] ? Tronchin prétend qu’elle a toujours quelque chose au sein ; je crois aussi qu’elle a quelque chose sur le cœur. Je vous prie de lui présenter mes hommages, si elle est femme à les recevoir.

C’est grand dommage qu’on n’imprime pas les mémoires de ce fou d’évêque Cosnac !

Pour Dieu, envoyez-moi, signé Janne[2] ou Bouret, tout ce qu’on aura écrit pour ou contre les Mémoires de Scarron-Maintenon.

Intérim vale et scribe. Æger sum, sed tuus.


3218. — À M. LE COMTE DE TRESSAN.
Aux Délices, 18 août.

Vous êtes donc comme messieurs vos parents, que j’ai eu l’honneur de connaître très-gourmands ; vous en avez été malade. Je suis pénétré, monsieur, de votre souvenir ; je m’intéresse à votre santé, à vos plaisirs, à votre gloire, à tout ce qui vous touche. Je prends la liberté de vous ennuyer de tout mon cœur.

Vous avez vraiment fait une œuvre pie de continuer les aventures de Jeanne, et je serais charmé de voir un si saint ouvrage de votre façon. Pour moi, qui suis dans un état à ne plus toucher aux pucelles, je serai enchanté qu’un homme aussi fait pour elles que vous l’êtes daigne faire ce que je ne veux plus tenter.

Tâchez de me faire tenir, comme vous pourrez, cette honnête besogne, qui adoucira ma cacochyme vieillesse. Je n’ai pas eu la force d’aller à Plombières : cela n’est bon que pour les gens qui se portent bien, ou pour les demi-malades.

J’ai actuellement chez moi M. d’Alembert, votre ami, et très-digne de l’être. Je voudrais bien que vous fissiez quelque jour le même honneur à mes petites Délices, Vous êtes assez philosophe pour ne pas dédaigner mon ermitage.

  1. Cette première femme de La Popelinière mourut d’un cancer au sein vers le commencement de novembre 1756.
  2. Intendant général des postes, qui violait le secret des lettres et en communiquait des extraits à Louix XV : aussi fit-il bientôt chevalier de l’ordre du roi (Cl.)