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fait construire. C’est la première que nous ayons en France, et je serais d’avis d’y mettre pour inscription :


· · · · · · · · · · longo post tempore venit.

(Virg., ecl. I, V. 30.)

Adieu, mon cher et illustre confrère ; rien n’est égal au désir que j’ai de vous embrasser, de vous remercier de toutes vos bontés pour nous, et de vous en demander de nouvelles. Permettez-moi d’assurer mesdames vos nièces de mes sentiments. Vale, vale.


3211. — À UN ACADÉMICIEN DE LYON[1].
Aux Délices, 29 juillet 1756.

Vous avez bien raison, monsieur ; de jeunes polissons qui, par malheur, savent lire et écrire, s’introduisent dans la république des lettres comme les bourdons se glissent dans les ruches des abeilles.

Celui dont vous me parlez[2], en revenant de Copenhague, où il s’était donné pour professeur de belles-lettres, s’arrêta en 1752 à Berlin. Je tâchai de lui rendre quelques légers services. Il m’en paya en entrant dans les tracasseries que le philosophe de Saint-Malo[3] me suscita dans cette ville.

Ayant quitté Berlin, il parcourut l’Allemagne, cherchant des libraires qui pussent acheter des scandales ; il en trouva un à Francfort-sur-le Mein, où il fit réimprimer mon Siècle de Louis XIV avec des notes satiriques et calomnieuses, pleines d’erreurs et de sottises.

Il vient de reproduire ce tissu de fautes et d’impostures dans son roman des Mémoires de Mme de Maintenon. Je ne suis pas surpris que ce livre soit connu comme vous me le dites. Il flatte la malignité humaine par des contes scandaleux sur les premières personnes de l’État et sur divers personnages qui ne se seraient jamais attendus de se trouver là. Ce qu’il y a de plus malheureux, c’est que, dans certains chapitres, il imite assez bien le style de Tacite et reproduit quelques-unes de ses maximes. Ce maraud y montre bien de l’esprit, mais il aurait dû en faire un meilleur usage. Comme la vérité est le meilleur fondement du

  1. Publiée par M. G. Brunet dans le Bibliophile belge, tome III
  2. La Beaumelle.
  3. Maupertuis, né à Saint-Malo, en 1698.