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m’assure que vous êtes parti de Venise après l’avoir instruite ; que vous allez à Rome et à Naples. On me fait espérer que vous pourrez faire encore un voyage en France, et repasser par Genève ; je le désire plus que je ne l’espère. Vous trouveriez les environs de Genève bien changés ; ils sont dignes des regards d’un homme qui a tout vu. Je n’habite que la moindre maison de ce pays-là ; mais la situation en est si agréable que peut-être, en voyant de votre fenêtre le lac de Genève, la ville, deux rivières[1], et cent jardins, vous ne regretteriez pas absolument Potsdam. Ma destinée a été de vous voir à la campagne, ne pourrais-je vous y revoir encore ?

Ella troverà difficilmente un pittore tal quale lo vuole, e più difficilmente ancora un impresario, o un Swerts, che possa far rappresentare un opera conforme alle vostre belle regole ; ma troverà nel mio ritiro des Délices, un dilettante appassionato di tutto ciô che scrivete, e non meno innamorato della vostra gentilissima conversazione.

Je suis trop vieux, trop malade, et trop bien posté pour aller ailleurs. Si je voyageais, ce serait pour venir vous voir à Venise ; mais si vous êtes en train de courir, per Dio, venite a Ginevra. Farewell, farewell ; I love you sincerely, and for ever.


3199. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Aux Délices, près de Genève, 12 juillet.

Madame, mon attachement, ma sensibilité extrême pour tout ce qui intéresse Votre Altesse sérénissime, avaient prévenu la bonté que vous avez eue de daigner me parler de votre perte. Je suis persuadé qu’elle éprouve tous les jours de nouvelles consolations dans des enfants si chers, si dignes d’elle et si bien élevés. Elle les voit croître sous ses yeux ; elle est témoin de leurs progrès. Ce sera là, madame, le plus solide plaisir de votre vie. D’autres vont le chercher à Venise et à Naples ; mais le bonheur réel est dans vous, dans votre esprit sage et élevé ; il est dans la satisfaction d’être aimée. J’y compte pour beaucoup la grande maîtresse des cœars ; je me flatte que les alarmes sur sa santé sont évanouies.

On a reconnu, dans Paris, que les Mémoires de Mme de Main-

  1. L’Arve et le Rhône. Voltaire parle d’un troisième fleuve (l’Aire) dans sa [[Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3384 |lettre à Adhémar, de juillet 1757]].
  2. Éditeurs, Bavoux et François.